Directeur de l’Isae-Ensma depuis un an, Roland Fortunier mène de front plusieurs chantiers : les 70 ans de l’école en octobre, son agrandissement, l’implantation à Bordeaux, le développement de l’apprentissage…
Roland Fortunier, l’Ensma a intégré pour la première fois le célèbre classement de Shanghaï. Satisfait ?
« Un classement est toujours relatif aux critères utilisés. Celui de Shangaï se base sur la recherche à l’échelle internationale. Ce qui prime, c’est donc la reconnaissance mondiale de la recherche effectuée à un endroit précis. En ce sens, être dans les deux cents meilleurs est appréciable. D’autant que dans ce classement, l’Ensma et l’université de Poitiers tirent leur épingle du jeu dans le domaine de la mécanique et de l’ingénierie. Toute la question est d’y rester ! »
Vous portez un projet d’extension de l’école sur le site, de 4 000m2 et 10M€. Les feux sont-ils au vert ?
« Nous avons l’accord verbal et le soutien de la Région et de Grand Poitiers. Après le vote du projet global d’établissement en juin, nous soumettrons au conseil d’administration l’agrandissement de l’école, qui est l’un des moyens de développer l’apprentissage. La Région pourra ensuite financer un assistant maître d’oeuvre pour mieux dimensionner le projet. Mon objectif est que nous puissions faire la rentrée en 2021. Cela correspond au début du recrutement des apprentis, 25 par an au début, soit 75 sur trois ans. »
« Etre présents là où se prennent les décisions »
Comment concilier une présence à Poitiers et peser à Bordeaux, siège de La Nouvelle-Aquitaine ? « Nous avons remis à la Région un projet de développement en Nouvelle-Aquitaine, soutenu par le groupe Isae. Il y a deux projets coordonnés par le groupe Isae et l’université de Bordeaux. Dans celui de l’Isae, il y a le soutien à un projet d’école privée qui s’appelle Elisa aerospace à Bordeaux, ainsi que l’implantation de l’Ensma pour quelques mètres carrés. Nous devons être présents là où se prennent les décisions. »
L’apprentissage est en plein essor dans l’enseignement supérieur. Les industriels plébiscitent-ils ce mode de formation ?
« Le besoin n’est pas le même entre les grands groupes et les PME. Les grands groupes sont structurés pour cela. Les apprentis sont des ingénieurs comme les autres, avec les mêmes diplômes et les mêmes compétences. Pour les PME, l’apprentissage peut permettre de tester un futur salarié et voir si elles en ont vraiment besoin. Il y a un deuxième intérêt : recruter des jeunes du territoire. »
Pour quelles raisons les élèves ingénieurs de l’Ensma partent-ils essentiellement vers les grands groupes ?
« Aujourd’hui, les jeunes diplômés trouvent du travail sans problème, la moitié avant d’obtenir le diplôme. Très souvent, ils choisissent des grands groupes parce que c’est plus sécurisant, savent qu’ils vont bénéficier d’une évolution professionnelle continue, côtoient des anciens de l’Ecole. Ceux qui vont dans les PME sont plutôt des aventuriers. Nous avons sans doute à progresser sur les notions d’entrepreneuriat, de prise de risques. »
L’Ensma fêtera ses 70 ans le samedi 13 octobre, dans le cadre de la Fête de la science. Qu’y aura-t-il au menu des festivités ?
« Nous avons prévu un programme riche : des courses de drones professionnelles, la visite de laboratoires, une exposition des métiers de nos partenaires, une conférence historique de Frédérick Gersal… Nous espérons la venue de deux ministres (Frédérique Vidal et Bruno Le Maire, ndlr). Nous souhaitons que ce soit une grande journée pour Poitiers. 1 000 personnes sont attendues. »
Pas de Mirage 2000 sur le parvis de l'école
C'était un rêve presque abouti, mais qui s'est soudain évanoui. La direction de l'Ensma a renoncé à rapatrier un Mirage 2000 de l'Armée de l'air sur le parvis de l'école. "Les délais étaient trop longs et l'opération devenait coûteuse, admet Roland Fortunier. Du coup, nous avons décidé de consacrer le budget prévu au remplacement de l'avion de l'école, Le Petit prince." Les élèves de l'association Ensmair vont ainsi acquérir un Pioneer 300, qu'ils asembleront eux-mêmes. Coût du projet : 100 000€. L'avion école embarquera des outils pédagogiques.