En visite dans la Vienne, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a découvert deux CFA et autant d’entreprises. Son objectif ? Convaincre ses interlocuteurs du bien-fondé de la loi « Avenir professionnel ».
Les visites ministérielles excèdent rarement quelques heures. Muriel Pénicaud a donc fait une entorse au protocole d’usage en effectuant une longue rentrée dans la Vienne, sous le signe de l’apprentissage. « Pour souhaiter une bonne année aux 420 000 apprentis français », avance la ministre du Travail. Elle se rendra toute la semaine dans des CFA, comme ceux des Métiers du bâtiment et de la Chambre de métiers et de l’artisanat, découverts ce matin. De ses contacts avec des centaines de jeunes, elle a retenu « leur enthousiasme et leur envie ». Au-delà de ces rencontres, notamment avec des mineurs non accompagnés -« la Vienne semble faire beaucoup de choses pour eux »-, Muriel Pénicaud avait aussi un objectif : expliquer sa réforme de l’apprentissage in situ.
« Une révolution des mentalités »
Allongement de l’âge d’entrée dans l’apprentissage (de 26 à 30 ans), possibilité d’intégrer une formation à n’importe quel moment de l’année, pouvoir accru aux branches professionnelles… La loi « Avenir professionnel », en vigueur le 1er janvier 2019, comporte de nombreux volets, dont certains portent directement sur l’orientation. Ainsi, dans un deuxième temps, une prépa apprentissage devrait voir le jour pour permettre aux « jeunes de découvrir un métier ». Par-delà les mesures techniques, la ministre appelle à une « révolution des mentalités » sur l’apprentissage. « Les deux voies pédagogiques ont autant de valeur. La main, c’est l’expérience concrète. Il est temps de faire cette révolution copernicienne dans notre pays. On doit tous être au service des jeunes et des entreprises. »
« Plus d’argent dans l’apprentissage »
Au passage, Muriel Pénicaud s’est efforcée de minimiser les tensions avec les Régions, dont la crainte est de voir disparaître des Centres de formation d’apprentis sur le territoire. L’Association des Régions de France a estimé leur nombre à 700. « Il faudra que nous gardions un maillage territorial important. Mais je rappelle tout de même que jusque-là, une Région sur deux ne mobilisait pas tout l’argent dans l’apprentissage. » Pour l’ancienne directrice générale adjointe de Dassault Système, il y aura demain « plus d’argent au service de l’apprentissage ». « Il y a quinze mois, tout le monde me parlait du code du travail. Depuis janvier, tout le monde me dit : « On ne trouve pas de compétences ». On a clairement sous-investi dans la formation professionnelle ces dernières années. »
Prélèvement à la source : deux conditions à remplir
Le sujet est dans toutes les conversations depuis la semaine dernière. Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu entrera-t-il en vigueur le 1er janvier 2019 ? Muriel Pénicaud estime qu’il faut « remplir deux conditions avant d’appuyer sur le bouton : être prêts techniquement et que la mesure soit bien comprise par tout le monde. On ne peut pas se permettre d’avoir des centaines de milliers de personnes qui soient prélevées deux fois. » En réalité, à quelques mois des Européennes, l’exécutif craint de voir ses mesures en faveur du pouvoir d’achat (baisse des charges, suppression de 30% de la taxe d’habitation…) gommées sur la fiche de paie. Ce serait forcément contre-productif sur le plan politique.