Créatrice en mouvement

Ella Pelloquin. 20 ans. A découvert la danse à l’âge de 4 ans, dans une école de Saint-Benoît. Passionné par les arts, elle étudie depuis un an à la prestigieuse « Salzburg experimental academy of dance », en Autriche. Aspire à devenir danseuse professionnelle et chorégraphe.

Steve Henot

Le7.info

De son propre aveu, Poitiers commençait à lui manquer, juste « un peu ». Ella n’y était revenue que deux fois seulement, au cours de l’année scolaire. « La distance, c’est un truc qui ne me touche pas beaucoup », confie pourtant celle qui étudie désormais à 1 300 km de là, à la « Salzburg experimental academy of dance » (Sead) en Autriche. « J’ai toujours besoin de changement. Quand j’étais plus petite, nous avons beaucoup voyagé avec ma famille… J’aime être à un endroit où je n’ai pas de repères. Un nouvel environnement, c’est comme une nouvelle impulsion. »

Passée par le Centre chorégraphique national de Roubaix, cette ancienne élève du lycée du Bois-d’Amour a multiplié les auditions, courant 2017, dans l’espoir d’intégrer l’une des plus prestigieuses écoles de danse contemporaine : « Parts » à Bruxelles (Belgique), « La Manufacture » à Lausanne (Suisse)… Elle est finalement retenue à la « Sead », dans la ville natale de Mozart, où sa prestation a séduit le jury. « Je crois qu’ils ont aimé mon énergie », sourit-elle.

Pas une journée sans danser

Sous une timidité apparente, la jeune femme semble effectivement avoir de l’énergie à revendre. « Je ne peux pas vivre une journée sans danser », lance-t-elle. Outre la danse contemporaine qu’elle a découverte à ses 4 ans, Ella s’est aussi initiée aux disciplines circassiennes l’année suivante puis, plus tard, au judo et à l’équitation… C’est bien simple, « j’étais prise tout le temps, du lundi au samedi », se remémore-t-elle, dans un franc sourire. Et ce n’était pas pour lui déplaire. « Mes muscles sont toujours là pour me dire : « Ella, il faut que tu bouges ! ». C’est physique, j’ai besoin d’être en mouvement. C’est chouette que ce soit ainsi ancré dans mon système. »

Ella cumule tout autant les passions, « par périodes » : la couture, le dessin, la musique, la photographie… « J’aime tout ce qui est manuel. » Avec l’art pour principal dénominateur commun, ce qui est tout sauf anodin dans une famille où la curiosité semble être un art de vivre. « On aime beaucoup consommer l’art, visiter des musées, voir des spectacles... » Et la danse a une place toute particulière chez les Pelloquin : Patricia, la maman, est la  présidente de « Danse créative », une école à Saint-Benoît ; tandis que les frères d’Ella, Maxence et Thomas, pratiquent eux aussi.

La voix claire, les mots justes, Ella se confie sans filtre sur sa passion, celle qui l’anime vraiment. On devine alors chez l’étudiante une soif avide de création, qui explique très certainement cet intérêt profond pour la danse. Comme une évidence. « C’est un médium par lequel tout me vient, beaucoup d’images… raconte Ella. Une musique peut m’inspirer, comme un livre ou une personne dans la rue. Des amis m’ont aussi pas mal apporté dans mon approche de la danse. » Elle y voit aussi un merveilleux terrain d’expression, où « l’émotion est créée par le mouvement » et par les choix créatifs. Sensible aux travaux des danseuses et chorégraphes Anne Teresa De Keersmaeker, Trisha Borwn ou encore Milla Koistinen, Ella se verrait bien embrasser la carrière de ses illustres modèles. Monter une compagnie ? Elle y pense. « J’ai envie de créer avec des gens. » Devenir professeure de danse ? « Pas dans l’immédiat. »

« Quatre ans pour me découvrir et créer »

En attendant, la jeune femme prépare plusieurs projets artistiques, qui lui tiennent à cœur : la création d’un solo autour d’un ouvrage de Marguerite Duras, plus un autre dans un musée en lien étroit avec une œuvre d’art… Déjà, Ella mesure les progrès réalisés au terme de cette première année à la « Sead ». Dans cette formation à forte teneur internationale -une promo de 25 élèves issus de toute l’Europe, mais aussi du Brésil ou encore de Corée- « beaucoup de personnes m’ont aidé à me développer, assure-t-elle. Il n’y a pas de routine, c’est une découverte permanente ». Ella dit notamment avoir mûri le « cheminement de (sa) pensée » et le regard qu’elle porte sur sa discipline. Une gymnastique de l’esprit et une quête perpétuelle de sens. « Je voudrais aussi que mes inspirations me viennent d’ailleurs, qu’elles se renouvellent. Je me suis vraiment mise à lire cette année, par exemple. » A tout juste 20 ans, la jeune femme sait qu’il lui reste encore du chemin à parcourir avant de devenir danseuse professionnelle. Un apprentissage sur quatre ans, au pied des montagnes du Land de Salzbourg, à la finalité bien précise et même très personnelle : « Me découvrir et créer. »

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