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Après l’hommage rendu à Joël Robuchon, vendredi dernier, l’avenir de son projet d’Institut international de gastronomie, à Montmorillon, s’annonce toujours aussi incertain.
On le savait attaché à ses terres d’origines. Joël Robuchon n’a jamais caché qu’il souhaitait rendre au Poitou ce que le Poitou lui avait donné. « Poitevin la fidélité » a, hélas, disparu trop tôt pour inaugurer lui-même l’Institut international de gastronomie éponyme, sur lequel il travaillait depuis plus de trois ans à Mont- morillon. Enlisé, le projet est-il définitivement enterré avec le décès du chef multi-étoilé ? Dans son allocution, à la cathédrale de Poitiers, vendredi, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a redonné espoir aux plus pessimistes : « Son Poitou saura lui rendre hommage. (...) Nombreux sont, ici, ses disciples qui veulent et qui sont prêts à s’impliquer pour donner vie à son rêve. »
Faut-il y voir le signe d’une relance du projet (65M€), en quête de financeurs fiables ou bien un simple vœu pieu ? Dominique Clément, lui aussi à témoigner lors de la cérémonie-hommage, implore carrément le ciel. Il y a quelques jours, le maire de Saint-Benoit -le « cuisinier du siècle » y avait racheté la maison familiale-, a vu un signe dans une « étoile filante ». « Notre étoile nous a laissé une traînée formidable. Nous devons aller au bout de ses rêves. » Du rêve à la réalité, l’Ecole hôtelière de Lausanne renvoie à « la fin de l’année » une éventuelle avancée. Joint par nos soins, le partenaire pédagogique de l’« IIJR » indique qu’il aura « certainement une vision plus claire de l’avenir de ce partenariat ».
« Cela n’arrange pas les choses »
Lancé en novembre 2015, depuis Paris, le projet d’Institut inter- national Joël Robuchon devait accueillir ses premiers étudiants en... 2018. Après des fouilles archéologiques imprévues, le permis de construire a finale- ment été délivré en mai 2017. Pour autant, très peu de travaux ont commencé. L’établissement devait prendre place à l’intérieur de l’ancienne Maison-Dieu de Montmorillon, qui reste pour le moment la propriété du... CHU de Poitiers. Après la volte-face des investisseurs chinois, représentés à l’époque par Wu Zhong, des négociations seraient en cours avec d’autres partenaires potentiels.
Malgré tout, le retard accumulé conjugué au décès de Joël Robuchon suscitent des interrogations dans le Sud-Vienne. « Nous avons de grosses inquiétudes car il portait l’image et la notoriété des lieux, soulignait Ernest Colin. Il a élaboré le concept définitif, mais il était important qu’il soit là lors des phases de construction et d’ouverture », indiquait le maire de Montmorillon début août. De son côté, le vice-président du Conseil départemental et Montmorillonnais Guillaume de Russé a admis que la mort du chef « n’arrangeait pas les choses ». C’était avant la cérémonie du 17 août et l’appel de « JPR » aux disciples de Joël Robuchon à « donner vie à son rêve ».
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