Une « Grande gueule » dans la lumière

La rédaction du « 7 » consacre une série aux Poitevin(e)s expatriés dont les parcours professionnels sortent du lot. Début de la deuxième saison avec Fatima Aït Bounoua. Professeure de français en Seine-Saint-Denis, elle a grandi à Ayron et appartient depuis quatre ans à l’équipe des « Grandes gueules » sur RMC.

Arnault Varanne

Le7.info

Racontez-nous votre enfance ?
« J’ai grandi à Ayron, au côté de mes parents, de mes deux frères et de ma sœur. Je suis la petite dernière de la famille ! Je garde de très bons souvenirs de mon enfance. Avec du recul, je me rends compte de la chance que j’ai eu de vivre à la campagne. J’idéalise sans doute Poitiers pour l’espace, l’état d’esprit... A Paris, les gens sont plus pressés, stressés, sur leurs gardes. Ça devient suspect d’être gentil. »

Petite, vous rêviez de...
« Je rêvais de devenir profes- seure. Depuis le CP, où j’ai eu une institutrice que j’aimais beaucoup, cette idée ne m’a ja- mais lâchée. J’avais aussi envie d’écrire, mais je ne me l’autori- sais pas. »

Quelles études avez-vous faites ?
« Après mon bac obtenu au Bois d’Amour, j’ai poursuivi par une prépa hypokhâgne et khâgne à Camille-Guérin. M. et Mme Gibert m’ont confortée dans mon choix par ce qu’ils étaient, leur manière de transmettre. Je les trouvais tellement brillants et passionnants. J’ai ensuite fait des études de lettres modernes et passé mon Capes pour enseigner. »

Votre carrière en quelques mots...
« J’ai démarré comme profes- seure de français dans un lycée d’Angoulême. Je suis ensuite partie en région parisienne par choix. Depuis, j’ai connu plusieurs établissements entre le Val de Marne et la Seine-Saint-Denis. Je réfléchis aujourd’hui à changer de métier. Je suis en effet des cours de psychopathologie. Je ne sais pas encore si c’est pour nourrir ma manière d’enseigner ou me diriger vers autre chose. Je constate une telle souffrance chez mes élèves... En quatorze ans, j’ai vu toutes les limites de la pédagogie. Je vais prendre un congé sans solde. A suivre. »

Un tournant dans cette carrière...
« La radio, forcément. J’écrivais des tribunes sur le Net qui ont pas mal tourné. A l’occasion des 10 ans de l’émission « Les Grandes gueules », je suis allée voir Alain Marschall et Olivier Truchot, qui m’ont dirigée vers le producteur. Mes proches m’avaient encouragée car j’avais tendance à m’énerver toute seule. J’étais, comme beaucoup, une grande gueule de l’ombre ! »

Poitiers vous a marquée pour...
« Pour toutes mes années étudiantes. Mes meilleurs amis, je les ai rencontrés lors de mes études. Aujourd’hui, ils sont partout en France et à l’étranger, mais notre lien c’est Poitiers. »

Quelle est, selon vous, la personnalité qui symbolise le plus la Vienne ?
« J’ai préparé l’agrégation avec Leila Kaddour (cf. n°204). Je suis tellement heureuse quand je la vois présenter le JT de France 2. J’aime beaucoup sa famille. Leila symbolise plein de choses. Elle représente notre « coin ».


Pourquoi elle ?
Poitevine d’origine et de cœur, Parisienne d’adoption, Fatima Aït Bounoua est professeure de français et « Grande gueule » sur RMC et Numéro 23 depuis quatre ans. A 38 ans, la mère de deux enfants parle cash sur les ondes, mais se retient de publier ses écrits.

Votre âge ?
« 38 ans. »

Un défaut ?
« Je manque parfois de confiance en moi. »

Une qualité ?
« Je suis fiable. »

Votre livre de chevet ?
« Je suis en train de relire « Mémoire de fille », d’Annie Ernaux. Je suis très attachée à elle, nous avons d’ailleurs échangé plusieurs fois par téléphone. »

Une devise ?
« J’aime bien le proverbe arabe « Qui veut faire trouve des moyens, qui veut ne pas faire trouve des excuses ». Je me l’applique. Un autre, d’Oscar Wilde, me plaît assez : La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit. » »

Votre plus beau voyage ?
« Les plus grands voyages se font à proximité, dans le sens où le plus beau voyage c’est de réapprendre ce qui se trouve à côté de nous. »

Un mentor ?
« J’admire beaucoup mes deux parents, pour des raisons différentes. Mon père autodidacte a une grande curiosité intellectuelle, je l’ai toujours vu lire, réfléchir. C’est quelqu’un de très déterminé. Ma mère, elle, est d’une gentillesse à toute épreuve. En règle générale, je suis plus admirative des gens qu’on ne voit pas, des petites gens qui ont de grandes âmes. »

Un péché mignon ?
« J’aime bien manger ! Les broyés du Poitou, par exemple, me rappellent mon enfance... »

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