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Depuis le 1er juillet, les enseignes et publicités lumineuses doivent être éteintes entre 1h et 6h du matin. Le but ? Réduire l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. Certaines collectivités ont aussi fait preuve d’initiatives.
La pollution lumineuse, c’est 3,5 millions d’enseignes commerciales et 11 millions de lampadaires qui nous empêchent, chaque nuit, de voir les étoiles. Depuis le premier recensement de 1990, le nombre de points lumineux a augmenté de 89%. Sans contrôle. Et pourtant, un décret existe. Le 30 janvier 2012, décision a été prise d’éteindre les enseignes et publicités lumineuses entre 1h et 6h du matin. Mais son application, elle, est réellement entrée en vigueur… le 1er juillet dernier. De quoi agacer sérieusement Michel Deromme, le correspondant local de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN) : « Il aura fallu attendre six ans pour modifier le réglage du programmateur, c’est trop long ! » Le problème, c’est qu’à force d’attendre, il en est devenu suspicieux : « S’il n’y a pas de coercition derrière, cette mesure ne sera jamais appliquée. »
Heureusement, depuis quelques années, le message commence à passer. Surtout, le coût croissant de l’énergie incite de plus en plus de boutiques, banques, assurances et autres agences immobilières à tourner l’interrupteur lorsqu’il n’y a plus personne pour regarder les vitrines. Les commerçants du centre-ville sont plutôt bons élèves. Dans la nuit de samedi à dimanche, la rédaction n'a compté que onze resquilleurs dans les rues principales. Les trois zones commerciales du sud respectent aussi la consigne hormis une poignée de magasins.
Lumière tamisée
S’il était plus largement adopté, ce simple geste permettrait pourtant de réduire facilement la consommation humaine d’énergie. Il réjouirait aussi une bonne partie des espèces qui profitent de la nuit pour se nourrir. « L’impact est triple, précise Samuel Ducept, chargé d’étude en entomologie pour Vienne Nature. D’abord les insectes lucifuges désertent les lieux. A l’inverse, on attire ceux qui aiment la lumière, se fatiguent inutilement autour des lampadaires et se retrouvent à la merci des prédateurs. Enfin, des chauves-souris comme les rhinolophes ne disposent plus de couloirs de vol pour chasser tranquillement. »
Poussées par leurs habitants, des collectivités ont commencé à agir au gré du renouvellement des candélabres. Châtellerault procède à des coupures nocturnes entre 1h et 6h du matin dans les zones pavillonnaires et de 23h30 à 4h30 dans les zones industrielles. Dans le centre, les 144 lampadaires du boulevard Blossac sont équipés de variateurs d’intensité pour tamiser la lumière entre 23h30 et 5h30. De son côté, la petite commune de Bignoux a atteint le niveau ultime au classement des « villes et villages étoilés » lancé par l’ANPCEN. « En 2011, nous avons éteint les 120 lampadaires de 22h à 6h30. Quatre mois dans l’année, ils ne s’allument pas du tout », commente Pascal Burlot, à l’époque adjoint au maire. Et du coup, celui qui est aussi le président d’Astronomie Nova peut maintenant s’émerveiller devant la voûte céleste.
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