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L’haltérophilie, parent pauvre
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : jeudi 05 juillet 2018Par le passé, le club haltérophile de Poitiers a remporté plusieurs titres nationaux et internationaux. Aujourd’hui en proie à des difficultés financières et à la féroce concurrence des salles de remise en forme, le club doit se séparer de l’un de ses entraîneurs.
Une avocate, un médecin, des jeunes et des moins jeunes… Ces différents profils se côtoient « à la salle », parmi poids et diverses machines de musculation. Depuis maintenant trente-sept ans, cette mixité anime le Club haltérophile de Poitiers (CHP). La règle est simple : « Ici, tout le monde doit se mélanger. » Outre le grand public, le club accueille régulièrement des jeunes en difficulté, des migrants et des personnes isolées, dans le cadre de conventions signées avec plusieurs organismes sociaux (Audacia, les maisons de quartier…). « Notre idée a toujours été de rendre le sport accessible à tout le monde », confie Raphaël Bonet, l’un des deux entraîneurs salariés.
Installé dans le complexe sportif Michel-Amand, à Buxerolles, le club partage son activité entre haltérophilie d’un côté et musculation-remise en forme de l’autre. Il a connu un certain essor au cours des années 90. « Avant, avec le dopage, la discipline avait une image un peu négative, concède Raphaël Bonet. Ça évolue petit à petit. Aujourd’hui, certaines personnes découvrent l’haltérophilie grâce au cross-fit, par exemple. »
Les vertus de la discipline seraient enfin apparues au grand jour. « On renforce le dos et les jambes pour ne pas avoir de problèmes de santé plus tard. » L’haltérophilie peut ainsi se pratiquer dès l’âge de 11 ans, avec des charges appropriées (pas plus de 4 kg). « La force vient après », précise le coach. Les efforts de formation du club continuent de porter leurs fruits. Cette saison, Vazgen Hovhannissyan, en cadet, et Alexandra Pulcina, en junior, ont terminé 2e et 4e de leur catégorie en finale nationale du Grand prix fédéral.
« On a peut-être été trop gentil »
Si les résultats sont là, les dernières années n’en ont pas moins été difficiles pour le CHP. Face à l’émergence des salles de remise en forme, le club a vu ses effectifs décroître et ne compte plus, aujourd’hui, que 350 licenciés. « Il y a beaucoup de concurrence, note Patrick Ferrandier, salarié au club depuis 1990. La salle a un peu vieilli et on ne peut pas investir dans du matériel neuf. »
Pire, pour rester à l’équilibre la saison prochaine, le CHP a dû se résoudre à se séparer de l’un de ses coaches, Raphaël Bonet, pourtant en place depuis neuf ans. Une décision difficile. « Le club a tout fait pour moi. Je ne pars pas fâché, précise l’entraîneur, qui n’a pas encore eu le temps de réfléchir à son avenir. On a peut-être été trop gentil, en proposant des demi-tarifs aux publics les plus en difficulté… Mais c’est dans nos gènes. On a toujours eu cette identité, ces valeurs… Notre rôle n’est pas de faire de l’argent. » Patrick Ferrandier, lui, se désespère de cette situation précaire. « La municipalité loue notre action mais derrière, dans les faits, on ne se sent pas vraiment soutenu. » L’activité du club n’est pas encore menacée, « à la condition d’avoir au moins 250 licenciés la saison prochaine ». De nouveaux créneaux horaires, plus restreints, seront également mis en place dès la rentrée.
Club haltérophile de Poitiers, contact : 05 49 45 51 05.
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