L’homme qui vole au secours des Népalais

Septième et ultime épisode de notre série « Les héros du quotidien ». Jean-Louis Nelia fait partie de ceux qui prennent du temps pour aider les autres. Parti randonner au Népal dans les années 90, il a fait de la solidarité le combat de sa vie.

Arnault Varanne

Le7.info

Massif des Annapurnas, 1991. Les Poitevins Jean-Louis Nelia et Bernard Martin, amateurs de voyage et de rando, décident de se lancer dans un trek au Népal. Sportifs, les deux amis sont loin d’imaginer où l’aventure va les mener. Au fil de leur parcours, dans le petit village de Chomrong, ils font face à une population locale extrêmement démunie. « Ils manquaient de tout, explique Jean-Louis. Même en vidant nos poches, on n’avait pas grand-chose à leur donner. » Les besoins en chauffage, vêtements et, surtout, le difficile accès aux soins et à l’éducation font alors le quotidien des Népalais. « Il fallait marcher une journée pour trouver le premier médecin. Et descendre à Pokhara (la ville la plus proche, ndlr) leur demandait au moins trois jours. »

Un an plus tard, les deux hommes décident de créer une association, Santé sans frontière, pour leur venir en aide. Ils reviennent avec 200kg de matériels et de vêtements, puis sensibilisent leurs amis et agrègent jusqu’à 150 adhérents autour de leur projet. Ils parviennent à proposer des soins aux Népalais, qui souffrent souvent de problèmes considérés comme bénins en Europe. « A la saison des pluies, les piqûres de sangsues leur provoquent par exemple des plaies qui finissent par s’infecter », explique l’ancien cadre de la Mutualité sociale agricole. Quelque temps plus tard, ils sont parvenus à faire construire des écoles et des dispensaires. Le but est pour eux d’inscrire leur action sur le long terme.

Actions en dur

Hélas, Bernard Martin décède en 2007. Onze ans plus tard, son ami honore toujurs sa mémoire en participant encore activement à la vie de son association, même s’il n’en est plus le président. En vingt-cinq ans d’existence, le projet a abouti aux constructions de six écoles et deux dispensaires, sur une quinzaine de missions. Pour financer ses actions, Santé sans frontière compte sur ses adhérents et les dons, mais organise également des manifestations, comme des vide-greniers, conférences, concerts.... Le collectif met aussi en vente les objets qu’il ramène de ses voyages. Jean-Louis est fier d’annoncer que « depuis la création, SSF a  récolté plus de 400 000€. »Aujourd’hui âgé de 63 ans, il est un exemple d’humilité et de générosité. « Mon but n’est pas de changer les gens ni leur mode de vie, simplement de les aider lorsqu’ils sont dans le besoin. » Le plus Népalais des Poitevins sera peut-être de la partie pour une prochaine mission, en mars 2019.


Anecdote
La fois où…

Jean-Louis Nelia se promenait dans la montagne népalaise lorsque, soudain, s’est dressé à un mètre de lui un naja, redoutable cobra asiatique. Tétanisé, le randonneur s’est figé sur place. « Une piqûre, et trente minutes après, c’en était fini pour moi », se souvient-il avant d’ajouter que les décès causés par des piqûres de serpents ne sont pas anecdotiques dans les Annapurnas. Heureusement pour lui, le reptile a fait demi-tour.

Et ailleurs
La route vers l’Afrique


Santé sans frontière porte bien son nom puisque l’association ne s’est pas contentée de venir en aide aux Népalais. Outre des missions au Sri Lanka et au Niger, le collectif a aussi agi au Mali. En 2011, Jean-Louis Nelia et les autres membres de « SSF » ont ainsi entrepris une action assez originale. L’idée ? Récupérer gratuitement des voitures hors d’usage et les faire remettre en état par le CFA de Chantejeau et le lycée Réaumur. Chargés de matériel, les véhicules voyagent jusqu’au Mali et sont vendus sur place. Une opération délicate reconnaît Jean-Louis, le sourire aux lèvres : « Il a fallu donner quelques bakchiches aux douanes pour faire passer la marchandise. » Preuve que pour la bonne cause, il faut aussi savoir faire des concessions. 

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