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Un nouveau visage vient de s’installer au comptoir du Dé à Trois Faces, la boutique de jeux de la rue Edouard-Grimaux à Poitiers. Fin mai, après vingt-sept ans de gérance, les époux Grabski ont passé la main à Simon Foucaut. Venu de Nantes, le jeune homme de 26 ans a rapidement découvert « une ville qui respire le jeu de société » et où le marché semble bien se porter, malgré tout.
« On est impacté par le malaise des centres-villes, mais on a une clientèle fidèle », précise Benoît Delsuc, gérant d’Excalibur, une autre enseigne spécialisée. « Au niveau du jeu, Poitiers sort du lot. Il y a une douzaine d’associations, pas mal d’animations et c’est aussi une ville étudiante », ajoute Benjamin Leveiller, au Labo de Merlin.
Et puis, surtout, il y a Libellud. Fondé en 2008, l’éditeur de jeux de société basé à Poitiers incarne la bonne santé du marché. « Nous n’avons pas cessé de constater une progression de nos ventes, témoigne Léa Moinet, chargée de communication. Cela a eu un impact sur notre structure, nous sommes passés de huit salariés en 2015 à dix-huit aujourd’hui. »
1 200 sorties par an
Selon les chiffres de la société d’études de marchés NPD Group, les jeux de société ont passé pour la première fois la barre des 400M€ en France, en 2017, avec une croissance régulière de 7% des ventes ces dernières années. « C’est le plus gros marché en Europe », précise Simon Foucaut.
Au fil des années, les sorties se sont multipliées à un rythme élevé. Trop même, juge Benoît Delsuc. « Avec près de 1 200 sorties par an, le marché est inondé. C’est impossible de tout tester. » De facto, la concurrence est forte entre les éditeurs de jeux. Pour Libellud, qui s’en tient à une nouvelle sortie par an, « c’est plus difficile pour avoir la bonne idée, le bon concept ».
« Il n’y aurait pas autant de jeux s’il n’y avait pas autant de joueurs », estime Simon Foucaut. Léa Moinet voit dans cette demande « un besoin de se retrouver ensemble autour d’une activité, comme le montre le développement des escape game ». Mais joue-t-on vraiment plus qu’avant ? Cela ne fait aucun doute pour les acteurs du marché. Les jeux courts et coopératifs type « escape » sont les plus prisés aujourd’hui, des petits comme des plus grands. « Ça change des parties de Monopoly ou de Cluedo qui pouvaient durer trois heures. » Surtout, ils résistent à l’essor des jeux vidéo. « Les deux peuvent coexister, assure Léa Moinet. Parfois, des passerelles existent et l’on tend de plus en plus vers le numérique. »
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