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La pépinière d’entreprises implantée à Chasseneuil ne veut pas se laisser absorber par la nouvelle association Technopole Grand Poitiers. Un bras de fer est engagé entre les deux parties.
Plus de deux heures et demie d’échanges a priori passionnés n’y auront pas suffi. Le dernier conseil d’administration du Centre des entreprises et d’innovation (CEI), en date du 5 juin, a accouché d’une forme de statu quo. Pas de rapprochement dans l’immédiat entre la pépinière d’entreprises de la Technopole du Futuroscope, encore moins de fusion avec Technopole Grand Poitiers. A la veille de souffler ses trente bougies, le CEI ne veut pas se laisser dicter sa ligne de conduite par la collectivité... qui finance pourtant les deux tiers de son budget (310 000€ sur 436 000€). « Nous avons réalisé un audit juridique de la structure, développe Ludovic Bertrand, président du CEI. Il ne nous apparaît pas pertinent de fusionner avec Technopole Grand Poitiers. »
Le dirigeant met en avant l’expertise de la pépinière (trois collaborateurs), ses « cinquante projets accompagnés tous les ans » (2 252 depuis 1988, ndlr), le « taux de pérennité des entreprises », les « nombreux contrats de partenariat », le « concours Créa’Vienne »... pour justifier son refus de se soumettre à Technopole Grand Poitiers. « Nous avons simplement comparé notre activité à celle de l’incubateur qui a rejoint la Technopole. C’est assez significatif. Quand on regarde les budgets et le rayonnement, nous n’avons pas à rougir. » La situation semble dans l’impasse, sachant que le bras armé de la collectivité doit être audité par Rétis, qui labellise les Technopoles partout en France. Sans pépinière, pas sûr que Technopole Grand Poitiers conserve son label à moyen terme. « Nous pouvons tout à fait apporter notre expertise en restant indépendants », martèle Ludovic Bertrand.
Des questions sans réponses
Si la fusion aboutit, la marque « Centre d’entreprises et d’innovation » sera-t-elle conservée ? Quelle place les petites entreprises auront dans la gouvernance de Technopole Grand Poitiers ?... Malgré la présence de trois élus au conseil d’administration -El Mustapha Belgsir, Michel François et Philippe Brottier, respectivement vice-président Technopole et délégués du président de Grand Poitiers- les administrateurs du CEI n’ont pas été convaincus. Au-delà, le coût de la nouvelle Technopole interroge. Avec un budget de près de 400 000€, l’association dispose d’une force de frappe importante, mais « sans stratégie claire », dixit Ludovic Bertrand.
La sortie de crise ? Il ne l’entrevoit pas à moyen terme. « On m’a proposé de devenir vice-président de la Technopole, mais cela ne m’intéresse pas. Les enjeux ne sont pas à ce niveau ! Nous allons continuer à mener nos actions, développer notre projet d’hôtel d’entreprises... Encore une fois, nous pouvons rester indépendants et collaborer dans l’intérêt de la Technopole. »
Vice-président de Grand Poitiers en charge de la Technopole, El Mustapha Belgsir comprend « les craintes qui s’expriment », mais estime apporter toutes les garanties pour y répondre. « L’identité du CEI sera préservée au sein de la Technopole, nous n’allons faire disparaître ni le nom ni la manière dont la structure fonctionne puisque cela marche très bien », insiste l’élu. Qui reconnaît que la Région a demandé à Grand Poitiers de « mettre de la cohérence dans les outils ». Si les deux parties ne parvenaient pas à s’entendre, la collectivité pourrait être privée de fonds régionaux et européens. Voire de label Rétis ? « Il nous faut cet anneau qui constitue la chaîne de valeur d’une Technopole », résume El Mustapha Belgsir. La question sera largement évoquée lors du conseil d’administration de Technopole Grand Poitiers, le 28 juin.
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