Aujourd'hui
Dans le cadre de la loi de finances 2015, l’Etat a décidé de puiser dans les ressources des chambres consulaires. Résultat, la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne va devoir s’acquitter de 2,4M€ d’ici mars. Un plan de départs volontaires est d’ores et déjà en marche.
« Dans la vie, on partage toujours les emmerdes, jamais le pognon. » La saillie verbale de Michel Audiard n’a pas pris une ride avec les années. On ne sait pas si Philippe Chartier et consorts sont « clients » du génial dialogusite, mais ils doivent bien se rendre à l’évidence. Le « pognon » leur glisse entre les doigts. A fortiori depuis que l’Etat a choisi d’introduire, dans la loi de finances 2015, un article qui stipule que les Chambres ayant une avance de trésorerie supérieure à cent vingt jours passeraient à la caisse en mars.
« On nous prélèvera 2,425M€ sur nos fonds de roulement », déplore l’élu. Ce fait accompli s’ajoute à une diminution des ressources de 40% depuis 2012. De quoi pousser la CCIV vers « une trésorerie à zéro en fin d’année », dixit Yves Louzé, directeur général. Le coup est rude, mais pas fatal, au moins pour l’instant. En riposte, la CCIV et les cinq autres chambres de Poitou-Charentes ont lancé un plan emploi consulaire, valable jusqu’à fin juin. « Nous tablons sur cinquante à soixante départs volontaires sur les sept cent cinquante collaborateurs en Poitou-Charentes. » Dans la Vienne, dix à vingt postes devraient disparaître, dont quelques-uns à la Maison de la formation.
L’aéroport coûte aussi
L’air de rien, « la brutalité de la mesure » (Philippe Chartier) aura au moins le mérite d’accélérer la mutualisation des services, personnels et compétences de toutes les consulaires régionales. Une vieille affaire qui traîne… « Sachant que nous avons tout de même économisé plus d’un million d’euros dans une politique d’achats groupés », objecte Yves Louzé. L’avenir est en revanche plus flou pour le Centre de formation des apprentis, que la CCI gère en direct. Plus d’une vingtaine de sections fermeront à la rentrée 2015, même si Philippe Chartier clame qu’il « croit beaucoup à la réussite de l’apprentissage ». « Chez nous, c’est 83% de réussite aux examens et 80% d’embauche après six mois ! » Reste à savoir comment le soutien à la formation et l’accompagnement des entreprises vont s’exercer avec des budgets contrits.
Et puis, il y a l’aéroport de Poitiers-Biard, dont la CCIV se dit « déçue de la fréquentation ». « Vinci Airports nous avait promis 170 000 passagers en 2019, nous sommes à 104 000 en 2014. Et il n’y aura pas de nouvelles lignes en 2015 », constate le directeur général. Surtout, sa « maison » devra remettre au pot -200 000€ par an, à part égale avec le Département et Grand Poitiers- si elle souhaite conserver la ligne vers Lyon (voir 7 n°242). Bref, des « emmerdes », la CCIV en partage plus qu’elle n’en imaginait il y a encore trois ans.
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