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Allaiter ou pas, telle est la question
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : lundi 23 avril 2018En France, la promotion de l’allaitement maternel fait partie des objectifs du Programme national nutrition santé. Sur le terrain, Info Allaitement se fait le relais auprès des femmes qui font ce choix. Mais d’autres ne veulent pas en entendre parler.
Selon les derniers chiffres dévoilés par l’Inserm dans son enquête nationale Périnatale, l’allaitement exclusif pendant le séjour à la maternité a diminué de 60 à 52% entre 2010 et 2016. Un chiffre qui contraste avec ceux de Santé publique France, pour lequel 69% des mères « ont initié un allaitement à la naissance ». Qui croire ? Au-delà de la bataille statistique, un constat s’impose : le sujet divise les « pro » et les « anti ». Héléna Dufour prévient d’entrée qu’elle ne « fait pas de prosélytisme ». « Nous soutenons les mères qui ont choisi d’allaiter, sans jugement vis-à-vis des autres, avance la trésorière d’Info Allaitement 86. Beaucoup arrêtent dès le premier mois parce qu’elles n’ont pas les bonnes informations et ne sont pas soutenues correctement. »
Face au manque de formation des professionnels de santé, ces mamans bénévoles se positionnent comme des soutiens du quotidien, au travers de réunions bimensuelles(*) et d’une permanence téléphonique. Au-delà, difficile de nier l’existence des bienfaits de l’allaitement. Plusieurs études ont montré qu’il réduit les risques d’infection, d’asthme ou d’obésité et accélère le développement cérébral de l’enfant. « Les bienfaits sont aussi notables chez la mère puisque l’allaitement réduirait le risque de cancer du sein », précise Héléna Dufour. L’Organisation mondiale de la santé recommande un allaitement exclusif jusqu’à 6 mois et jusqu’à 2 ans avec une alimentation diversifiée. En France, le Plan national nutrition santé assure sa « promotion » depuis plus d’une quinzaine d’années.
« C’était mon choix »
En dépit des campagnes de sensibilisation successives, beaucoup de mères préfèrent donner le biberon à leur enfant dès la naissance. C’est le cas d’Eloïse Picquet, auteure du blog Mommy’s smile. Dans un billet « sans filtre » publié sur le site du Huffington Post, la maman de Livia livre les six raisons qui l’ont motivée. « Je voulais clairement que le papa gère aussi les biberons, y compris ceux de la nuit, et qu’il connaisse ce moment magique », remarque Eloïse. Elle avance une autre raison plus culturelle. « On vit dans une société où beaucoup de personnes t’incitent à allaiter, mais où rien n’est fait pour que tu puisse le faire tranquillement lorsque tu sors de chez toi ! » Beaucoup de femmes reprennent le chemin du bureau trois mois après leur accouchement, d’où l’utilisation d’un tirelait. « Comme une vache, désolé mais c’est l’impression que ça me donne », enfonce Eloïse.
Allaiter ou pas ? Les « pro » et « anti » paraissent irréconciliables. Sachez que Santé Publique France a dressé le portrait des mères plutôt favorables. Elles auraient « 30 ans et plus, seraient mariées, bénéficiant d’un niveau d’études supérieur au baccalauréat, n’ayant pas fumé pendant leur grossesse (…), ayant été mises en contact direct peau à peau avec leur enfant dans l’heure suivant l’accouchement ». Leur conjoint avait aussi une perception positive de l’allaitement maternel.
« Allaitement, quoi de neuf ? », le 27 avril, à 20h30, au centre d’animation de Beaulieu. Conférence animée par Claude Didierjean-Jouveau, ancienne présidente de la Leche League et auteure de nombreux ouvrages sur la naissance et le maternage. Réunions bimensuelles à Saint-Eloi et Beaulieu. Plus d’infos à info.allaitement86@orange.fr ou sur naitreetgrandir86.info.
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