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Alors qu’une fusion entre les hôpitaux de Poitiers et de Châtellerault est évoquée, les médecins urgentistes ont déjà sauté le pas il y a un an, en intégrant une équipe territoriale qui intervient aussi à Loudun et Montmorillon.
Depuis son bureau, Olivier Mimoz dispose d’une vision exhaustive sur les plannings de tous les médecins urgentistes du CHU de Poitiers et du centre hospitalier Camille-Guérin de Châtellerault. « Dans leur tête, les docteurs ne sont déjà plus rattachés à un établissement », assure le chef du service des urgences du CHU. Depuis un an, il coordonne la nouvelle équipe territoriale d’urgences qui rayonne sur l’ensemble de la Vienne. Ici, la fusion entre les deux principaux hôpitaux du département a déjà commencé.
Concrètement, la quasi-totalité des praticiens se relaient pour passer 20% de leur temps à Montmorillon ou à Loudun. C’est cette dernière destination qu’a choisi le docteur Steven Perrault. Depuis octobre, il va deux à trois fois par mois au centre de consultations non programmées. Ses gardes durent vingt- quatre heures. « Le trajet est long, mais en allant régulièrement dans le même établissement, j’apprends les habitudes de travail du personnel sur place. Et inversement. » Là-bas, il est le seul urgentiste à gérer les patients qui débarquent sans prévenir et à partir en intervention avec le Smur. Un interne le seconde en journée. Il dispose d’une salle de déchoquage et peut intuber si nécessaire. « Je ne suis jamais seul. Si j’ai un doute, un coup de téléphone à la régulation du Samu ou à l’un de mes collègues qui travaille au CHU, et c’est réglé. »
Le bon patient au bon endroit
« Les urgentistes savent réaliser les premiers gestes de chirurgie, précise Olivier Mimoz. Ils apprécient la gravité des situations. Les collègues leur font confiance et savent que si le patient est envoyé à Poitiers, c’est que le transfert est nécessaire. » L’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine a d’ailleurs acté la création d’une plateforme héliportée à Loudun, de manière à faciliter la liaison avec le CHU. Ce dispositif permet de limiter l’afflux aux urgences de Poitiers ou de Châtellerault. « On mise sur le bon patient au bon endroit. Pour beaucoup de pathologies, ils sont mieux à proximité de leurs famille et amis », poursuit l’urgentiste. Cette équipe territoriale devrait compter cinquante-quatre médecins d’ici l’été. L’objectif estfixé à soixante-deux en vitesse de croisière. Tous bénéficient de la formation continue du CHU et pratiquent des actes plus variés. Cerise sur le gâteau, ils perçoivent une prime d’activité multisites. « A Loudun et Montmorillon, on a supprimé le recours à l’intérim qui coûte cher, sauf l’été où les plannings sont toujours compliqués à organiser », conclut Olivier Mimoz. En mai dernier, des experts de l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) sont venus observer le fonctionnement de cette équipe, la seule en France à être allée aussi loin dans la mutualisation. Elle pourrait servir d’exemple aux autres.
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