Récupération de points : des stages sous contrôle

En 2017, environ 3 000 automobilistes ont suivi un stage de récupération de points dans la Vienne. Neuf opérateurs locaux et nationaux se partagent le marché. Chargée de contrôler leurs pratiques, la préfecture vient de retirer l’agrément à l’un d’entre eux.

Romain Mudrak

Le7.info

Une société qui commercialise des stages de récupération de points qu’elle finit régulièrement par annuler… Des clients abusés qui font des pieds et des mains pour être remboursés. En vain. Ce scénario, La Charente Libre l’a rapporté dans son édition du 19 mars dernier. Selon nos confrères, le centre de formation marseillais RPPC s’est désengagé de ses obligations à plusieurs reprises au cours des derniers mois, laissant des dizaines d’automobilistes le bec dans l’eau. Or, cet opérateur exerçait également dans la Vienne avant de perdre son agrément officiel en… 2016.

Des centres sous contrôle
Contactée pour connaître les motifs de cette résiliation, la préfecture de la Vienne répond simplement que « le Centre RPPC a fait l’objet d’un retrait d’agrément en raison de manquements aux règles régissant l’exercice de l’activité d’exploitant d’un établissement chargé d’organiser des stages de sensibilisation à la sécurité routière ». Dont acte. Dans la Vienne, c’est la Direction départementale des territoires qui se charge de l’instruction des dossiers d’agrément. Le demandeur doit justifier des moyens humains et financiers de son établissement et désigner les animateurs des stages. Chaque session de seize heures, étalées sur deux jours, doit être menée en parallèle par un psychologue et un professionnel titulaire du Brevet d’aptitude à la formation des moniteurs (BAFM). Un genre de formateur de formateurs à la conduite. C’est incontournable. Et les contrôles ? Ils sont réalisés par des agents habilités, la plupart du temps inspecteurs du permis de conduire. « Il existe des contrôles longs sur les deux jours de stages et d’autres, administratifs, d’environ une heure à l’ouverture ou à la clôture, précise la préfecture. De plus, un contrôle continu est réalisé sur l’annulation des stages et sur les éventuelles modifications apportées par l’établissement à son calendrier prévisionnel, dates, identité des animateurs et documents afférents. »

Seuil de rentabilité
Résultat, neuf sociétés et associations sont actuellement autorisées à exercer dans la Vienne. La liste est disponible sur le site de la préfecture. Les tarifs varient de 199 à 250€. L’activité ne cesse de grossir. Cent soixante-deux stages de récupération de points ont été organisés dans le département en 2017, contre cent vingt-sept l’année précédente. Pas moins de trois mille automobilistes les ont suivis. Certains volontairement, avant que leur solde n’atteigne un niveau critique. D’autres contraints par la justice dans le cadre d’une alternative à la poursuite ou de peines complémentaires. C’est le cas aussi pour les jeunes conducteurs qui disposent d’un permis probatoire à partir de trois points perdus. « Tous ces gens ont souvent trois mois pour exécuter la sanction. Du coup, on reçoit fréquemment des appels d’automobilistes qui cherchent un stage en urgence parce que le leur a été annulé », témoigne Jean-Pierre Favreau de la Prévention routière, qui revendique une session par mois.

« Certaines sociétés qui exercent sur toute la France n’hésitent pas à regrouper les effectifs dans une seule ville, pour atteindre leur seuil de rentabilité », souligne un fin connaisseur du dossier. C’est légal mais sacrément pénalisant pour les stagiaires qui doivent parfois parcourir une centaine de kilomètres. « En cas d’erreur d’un côté ou de l’autre, il est très facile d’obtenir un remboursement chez nous », jure Sandra Berton, gérante de l’auto-école La Poitevine. Elle conseille aux automobilistes de faire appel à « des acteurs locaux ».

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