Libertins, par-delà les préjugés

Souvent décriés pour leurs pratiques désinhibées, les libertins de la Vienne se rassemblent loin des regards indiscrets pour assouvir leurs fantasmes et exprimer librement leur sexualité. Plongée dans un monde qui s’affranchit du qu’en dira-t-on.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

14h, à Cloué. Tout juste remis de sa soirée éprouvante de la veille, Roberto ouvre les portes du Cercle Rouge. A l’intérieur, enceintes et spots lumineux tournent déjà à plein régime. Les premiers clients ne sauraient tarder. Le maître des lieux tient à mettre les choses au clair d’entrée de jeu. « Nous gérons, avec ma femme, un club-discothèque libertin. Le sexe n’est pas omniprésent, au contraire. On vient avant tout prendre du bon temps sur la piste, au bar ou au sauna, avant de passer à autre chose, selon les envies. » Habitué des médias locaux, le sexagénaire exhibe fièrement sa revue de presse.

« Dès qu’on parle de libertinage dans les journaux, c’est la folie. Tu vas voir, les gens vont s’arracher 7 à Poitiers cette semaine. » Car selon Roberto, « le sujet intéresse davantage de monde qu’on ne croit ». Bien que les mentalités évoluent au fil des ans, « la majorité des gens restent bloqués sur leurs préjugés ». Dans son club du Sud-Vienne, le Poitevin s’évertue à permettre à tout un chacun d’assouvir ses fantasmes, en toute liberté, loin des regards et des jugements.

A ce jour, la Vienne compte trois établissements libertins. Le Cercle Rouge de Cloué, donc, et deux saunas à Poitiers, Alina et Calybras. Olivia(*) est une habituée des lieux de libertinage du département et d’ailleurs. A 35 ans, cette mère célibataire, cadre d’une société d’immobilier, se dit « affranchie du qu’en dira-t-on ». « Je me suis sexuellement libérée après une rupture douloureuse avec mon ancien compagnon, explique-t-elle. Par le passé, je m’interdisais toute pratique sexuelle extravagante. Un ami m’a proposé de l’accompagner dans un club libertin et, depuis, mon regard a changé. » Comme elle, nombre de Français sautent le pas et s’essayent au voyeurisme, au « glory hole », au « gang-bang » et à d’autres tentations qu’ils se refusaient jusqu’alors. « Ici, tout le monde peut assouvir ses fantasmes, reprend Roberto. L’une de nos salles peut d’ailleurs être personnalisée selon les envies du client. Nous y recréons des décors de bureau, de cabinet médical, de salon de coiffure... »

« Respect, propreté et hygiène »
Tout n’est toutefois pas si rose pour les gérants des clubs et saunas de la Vienne. Car malgré leur relative discrétion, les structures libertines se retrouvent régulièrement devant la justice. L’Evidence (Poitiers) et le Pandore (Châtellerault) ont ainsi fait l’objet d’une liquidation judiciaire causée par une mauvaise gestion financière. Roberto, lui, a été contraint de s’exhiler à Cloué suite à des « conflits réguliers » avec la municipalité de Poitiers, où son club a été installé pendant un an.

« Certaines mairies n’acceptent pas nos pratiques et considèrent notre présence sur leur territoire comme une mauvaise publicité. » Par manque de lieux où se rencontrer, certains libertins décident tout bonnement de se donner rendez-vous dans des coins de nature isolés. Le bois de Saint-Pierre, à Smarves, est ainsi répertorié sur les sites spécialisés, comme FranceCoquine.com. Reste que la pratique du sexe en plein air est passible d’un an de prison et de 15 000€ d’amende. Libertins ou futurs libertins, privilégiez plutôt les structures reconnues, où « respect, propreté et hygiène » sont les mots d’ordre.

(*)Le prénom a été modifié.

 

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