Hier
Pierre Michon. 44 ans. Nouveau directeur général adjoint de Grand Poitiers en charge de la jeunesse et de la vie sportive. Passé par l’Ecole de guerre et HEC, ce gradé de la gendarmerie nationale possède un profil atypique pour le poste.
Le costume est impeccablement soigné. Le phrasé soutenu suinte une maîtrise parfaite de la rhétorique. Le ton est à l’avenant, posé et déterminé. Dix jours après sa prise de fonction au sein de Grand Poitiers, Pierre Michon conjugue ses ambitions au futur. Il rêve de « faire émerger une vision du sport comme facteur de lien social », projette de « mener une réflexion sur l’expérience utilisateur », compte enfin « identifier les marges de progrès du territoire » sur les équipements, le niveau de pratique… Le tout dans une démarche « partagée » avec ses quelque deux cent cinquante collaborateurs. « On est un leader lorsqu’on est capable de faire émerger du leadership dans les équipes », avance le directeur général adjoint (DGA) de la collectivité chargé de la jeunesse et de la vie sportive.
A l’en croire, « le sport fait partie de son ADN ». Il a pratiqué le ski alpin « à un bon niveau », le tennis en loisirs et le vélo de route, sur le cadre et au bord des routes, comme commissaire arbitre pour la Fédération française. « J’ai arbitré quelques courses dans la Vienne », tient-il à préciser. Son statut de père de famille nombreuse -cinq enfants de 7 à 16 ans- lui confère aussi une vision panoramique des sports co et individuels tels que le hockey, le karaté, la gym, l’athlétisme… Bref, l’ancien lieutenant-colonel de gendarmerie dispose d’une vraie légitimité dans son nouveau poste. Il loue au passage « l’accueil bienveillant » des équipes de Grand Poitiers. Il voit même « une forme de continuité » entre sa vie d’avant dans la gendarmerie et sa mission de DGA. « Grand Poitiers mêle urbain et rural. Et d’une certaine manière, la gendarmerie et les collectivités animent le territoire, le vivent au quotidien. »
« Une exigence de performance »
Une autre raison explique son parachutage dans un département qu’il a côtoyé pendant quatre ans (2008-2012) en, qualité de commandant du groupement de gendarmerie de Châtellerault. « Depuis lors, ma famille était restée vivre ici. J’étais donc à un carrefour de ma vie professionnelle. Soit je décidais de réorienter ma carrière, soit je restais à l’écoute des propositions de mon institution. C’est un vrai choix de ma part. Mais je ne tourne pas le dos à la gendarmerie… » Manière de dire que Pierre Michon vit sa première expérience en collectivité comme une « opportunité » d’enrichir un CV déjà épais. Au-delà de ses expériences de terrain, douze ans entre Chartres, Nîmes et Châtellerault, le fils de pilote d’essai d’hélicoptère a vécu les dernières années au cœur du réacteur, s’occupant des formations relevant de la police judiciaire, de la sécurité publique générale, de la sécurité routière… « Attiré par le travail partenarial », le gradé a joint le geste à la parole avec la mutualisation de formations entre police et gendarmerie. Deux « maisons » qui, d’ordinaire, se regardent en chien de faïence.
Cette mission accomplie, Pierre Michon a ensuite fréquenté les bancs de l’Ecole de guerre, puis a contribué à faire naître un diplôme d’un nouveau genre co-créé par la gendarmerie, HEC et la fac de Panthéon-Assas. « C’est la première fois qu’une institution proposait une formation à ses cadres, ouverte à des gens issus du privé. » Pour l’aider à accoucher de ce diplôme, la gendarmerie lui a permis de suivre un executive MBA à… HEC. « Le seul gendarme de la promo » a beaucoup appris sur la culture entrepreneuriale. Autant dire que l'univers du privé n’a plus beaucoup de secrets pour lui. Le voir rejoindre Grand Poitiers pourrait donc relever du paradoxe, mais il s’en défend. « C’est peut-être pour mon parcours insolite que l’on m’a recruté. J’ai un regard neuf, extérieur, sans a priori. » Et aussi une « exigence de performance » chevillée au corps, sans oublier une bonne dose d’humilité. « C’est, pour moi, l’antichambre de toutes les perfections. »
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