Petite enfance, grands bouleversements

La Grande semaine de la petite enfance se déroule cette semaine dans la Vienne sur le thème « Tout bouge ! ». A commencer par la natalité, en baisse significative depuis 2012. Les conséquences sur le terrain se révèlent prégnantes. Exemples à Poitiers et Châtellerault.

Arnault Varanne

Le7.info

Jusqu’à récemment, la France était considérée comme la championne d’Europe de la natalité. Mais les temps changent et les lignes bougent, à en croire la dernière étude de l’Insee. En Nouvelle-Aquitaine, on est carrément passé sous la barre des 56 000 naissances en 2016 contre 61 000 en 2013. La Vienne suit la même trajectoire avec seulement 4 300 nouveaux-nés il y a deux ans (5 000 en 2010). Un phénomène qui s’explique par une diminution du nombre de femmes en âge de procréer, un allongement des études et aussi une « plus grande exposition des jeunes entrants sur le marché du travail à des formes d’emploi précaire », précise l’Insee.

Faut-il s’en inquiéter ? Tania Conci relativise. La directrice de la Caisse d’allocations familiales parle de « cycles de natalité ». N’empêche, le département a perdu près de cinq cents assistantes maternelles en quelques années. A Poitiers comme à Châtellerault, le mot d’ordre est a-da-pta-tion ! « C’est simple, entre fin 2012 et fin 2017, l’ensemble de nos structures ont réalisé 62 000 heures de garde en moins, développe Françoise Brault, adjointe au maire de Châtellerault en charge de l’Action sociale. Nous avons donc ouvert l’accueil aux familles de l’agglomération élargie. » Au-delà, Châtellerault a fermé une crèche familiale et diligenté un diagnostic enfance-jeunesse pour « savoir si le dispositif est toujours adapté ». Le taux d’occupation des multi-accueils ne s’élève là-bas qu’à 75%.

« Plus de souplesse »

A Poitiers, la baisse de la démographie est, pour l’heure, compensée « par l’installation de nouveaux habitants », dixit Peggy Tomasini, conseillère municipale déléguée à la petite enfance. Le taux d’occupation a d’ailleurs connu une légère hausse entre 2016 et 2017 (81% contre 78,8%). « Le territoire étant attractif, il y a un flux d’arrivants de l’extérieur… On n’arrive toujours pas à répondre à l’ensemble des demandes en crèches. » Le véritable impact se fera sans doute sentir dans deux, trois voire quatre ans. Sauf si Poitiers « continue à attirer de jeunes parents ». « Ce que nous essayons, c’est d’avoir une approche globale de la garde d’enfants, abonde l’élue. Le nombre de familles monoparentales (40% à Poitiers, ndlr) nous a incités à développer l’accueil occasionnel, à faire preuve d’un maximum de souplesse. »

Cette souplesse, ajoutée à « un projet pédagogique » et à « des tarifs adaptés », la Ville en fait un argument massue à l’endroit des candidats à l’installation. « Il ne faut pas s’en cacher, c’est un élément d’attractivité qui compte, au même titre que le foncier ou le coût de la vie », renchérit Peggy Tomasini. Poitiers joue à domicile pendant cette Grande semaine de la petite enfance, événement organisé par la Caisse d’allocations familiales et censé valoriser les professionnels de la petite enfance. Rendez-vous ce mercredi, de 10h à 18h, place Leclerc pour assister à des micro-conférences (santé bucco-dentaire, sommeil, alimentation…) ou découvrir le spectacle de Toma Sidibé. A signaler enfin que la psychologue et psychanalyste Sylviane Giampino (*) donnera une conférence vendredi, à 20h, au centre d’animation de Beaulieu. Il ne sera pas question de démographie, mais de « quel genre d’éducation » on donne aux filles et aux garçons. Un autre sujet d’une actualité brûlante.

Programme détaillé sur www.caf.fr

(*) Egalement présidente du Conseil de l’enfance et de l’adolescence.

 

 

 

 

Photo DR Nicolas Mahu

À lire aussi ...