Pari (presque) réussi pour les cars Macron

Trois ans après la libéralisation du secteur du transport en autocar, les compagnies low-cost affichent des taux de croissance exceptionnels. Grâce à leur haut niveau de service et à leurs prix attractifs, les cars Macron font plus que jamais de l’ombre aux moyens de transport concurrents, TER en tête.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Plus de dix millions de voyageurs. En 2017, les « cars Macron » ont attiré 60% de clients de plus que l’année précédente. Flixbus, Ouibus et Eurolines trustent aujourd’hui ce marché ouvert en août 2015, grâce à une loi portée par l’actuel Président de la République, alors ministre de l’Economie. En moins de trois ans, les compagnies d’autocars low-cost se sont imposées comme une alternative au train et au covoiturage, qu’elles combattent grâce à des tarifs défiant toute concurrence. « Un trajet en car coûte en moyenne 30% de moins que le même en covoiturage, souligne Yvan Lefranc-Morin, directeur général de Flixbus. Nos prix sont en outre deux à trois fois moins élevés que ceux de la SNCF. Certains trajets TGV coûtent même six fois plus cher que le car. »

A force de casser les prix, les compagnies ont conquis une clientèle jusqu’alors réticente aux longues heures de bus. « Nous avons également su casser l’image de l’autocar vieillot, en nous dotant de véhicules neufs, confortables et bien équipés. Les clients sont séduits par notre niveau de service, supérieur à celui du train. L’actualité prouve d’ailleurs que le réseau ferré n’est pas très efficace et pourtant coûteux. » Sur ce point, les compagnies guettent les décisions gouvernementales concernant les petites lignes ferroviaires. Le Premier ministre Edouard Philippe a écarté les préconisations du rapport Spinetta recommandant la fermeture des petites lignes TER, qui représentent 30% du réseau, mais ne transportent que 2% des usagers du rail. Le Président de Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset souligne pour sa part « l’importance de ces lignes pour le désenclavement ». Mais l’ouverture d’un tel marché serait une formidable opportunité pour les autocaristes, en quête de rentrées financières supplémentaires pour atteindre la rentabilité.

La rentabilité en ligne de mire

Car derrière les belles statistiques communiquées par l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières, se cachent des bilans financiers dans le rouge vif. Le compagnie Megabus, qui employait 175 personnes en France, a d’ailleurs été contrainte de déposer le bilan dès novembre 2016. Les « survivantes » Ouibus, Eurolines et Flixbus entendent « démocratiser davantage » leur service pour devenir rentables. « Nous devrions atteindre l’équilibre à l’horizon 2019, indique le service communication de Ouibus, qui appartient à 95% à... la SNCF. D’ici là, nous continuerons d’ouvrir de nouvelles lignes pour densifier notre offre. Deux nouvelles destinations seront d’ailleurs disponibles au départ de Poitiers à partir du printemps : Royan et Rochefort. »

En prolongeant sa ligne Paris-La Rochelle pour la saison estivale, Ouibus vient jouer des coudes avec... le TER. Une posture pour le moins surprenante, qui s’explique notamment par une volonté d’anticiper la stratégie des autocaristes concurrents. De là à s’installer sur les petites lignes, il n’y a qu’un pas. Reste que la loi interdit aux compagnies, sauf dérogation, de commercialiser des trajets de moins de 100km. Ouibus est néanmoins parvenue, en accord avec l’Arafer, à développer des liaisons entre la métropole lyonnaise et les villes alentours (Saint-Etienne, Grenoble, Chambery) pour faciliter l’accès à l’aéroport de Lyon. Ouvrant ainsi une brèche sur les trajets courts, dans laquelle pourrait rapidement s’engouffrer les autres compagnies.

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