Barber chope

Alexandre Poupault. 38 ans. Patron du salon Radikal Hair Shop, à Vouneuil-sur-Vienne. Fine lame de la coiffure et de la taille de barbes. Bercé dans un univers de « custom culture » depuis tout gamin. Signe particulier : vend une bière à son nom qui cartonne.

C’est un dur, un vrai, un tatoué. Du genre sans compromis. En pénétrant dans son salon, vous basculez littéralement dans un autre univers. Le sien. Un monde de briques et de bois, de meubles customisés, de bagnoles désossées dont les pièces sont exposées comme des trophées. Bienvenue chez Radikal Hair Shop, rue du Centre à… Vouneuil-sur-Vienne, petit bled du Châtelleraudais d’à peine 2 100 âmes. La première fois qu’ils sont venus, certains de ses clients ont écarquillé des-yeux-comme-ça. « C’est sûr que ça surprend un barber shop ici », admet sans fard le patron, Alexandre Poupault.

Que voulez-vous, l’artisan coiffeur a toujours vécu là. Son père tient le salon de coiffure d’à côté et il est le parrain du fils du maire. Il y a fait son apprentissage et trace sa route depuis douze ans comme indépendant. L’an passé, il a même poussé les murs en rachetant le bistrot qui appartenait à son arrière-grand-père. « Mon local était trop petit, il y avait un mois d’attente. J’ai saisi cette opportunité pour m’agrandir. » Autant dire qu’il lui est désormais impossible de quitter la rue du Centre de Vouneuil city. Et puis, sa notoriété a tôt fait de le classer parmi les maîtres de la discipline. « Moi, ce que j’aime, c’est le travail bien fait, que ce soit sur le taillage de barbes ou le dégradé américain. »

« L’esprit rock’n’roll »

Sa renommée, Alexandre Poupault la doit aussi à son dernier passage au Mondial de la coiffure, où il a fait étalage de son savoir-faire, avec son partenaire, Lames et traditions. « C’était cool et ça fait plaisir de se retrouver avec les meilleurs. Je ne fais pas les concours, je suis plus dans l’esprit rock’n’roll. » Grand fan de metal, de bagnoles -il roule en Hot rod-, de bécanes -il a eu sa première Harley à 21 ans- et de tatouages, le patron de Radikal Hair Shop surfe sur la mode du vintage et décline à l’envi sa marque. Aux tee-shirts estampillés, le « barber chope » a ajouté une bière qui cartonne : la Barber’s beer. En un an et demi, grâce à son réseau (plus de 5 000 fans sur Facebook), il a écoulé l’équivalent de 120 hectolitres, soit 30 000 bouteilles. Et c’est loin d’être terminé. Mister Poupault négocie actuellement « deux gros contrats » avec des grossistes potentiels.

« Tout ce que je vis, c’est du bonus »

« Si ça se fait… » On comprend aisément que ce sera l’affaire du siècle. Et qu’il pourra embrayer sur un autre projet, un nouveau barber shop. « A fond dans son truc », il sait qu’il peut être parfois « saoulant » pour son entourage. « Je regarde des vidéos pour m’améliorer, apprendre des trucs… Je n’arrête jamais, même si aujourd’hui je suis davantage dans l’idée de transmettre. » Le barbu connaît d’autant mieux la valeur de la vie, et de la nécessité d’en profiter, qu’il y a dix ans, il s’est retrouvé sur un lit de douleur. Un foutu cancer l’a mis hors jeu quelque temps… mais lui a aussi permis de rencontrer sa compagne, infirmière. Lui qui ne voulait pas d’enfant est papa d’un garçonnet de 4 ans.

« Ma copine me soutient dans tous mes projets. C’est hyper précieux, parce que je sais que ça mange beaucoup de temps. Des fois, j’oublie un peu ma famille. Mais ce cancer m’a ouvert les yeux sur l’intérêt de vivre à fond et de profiter. Tout ce que je vis, c’est du bonus. » Le 26 mai, le barbier compte bloquer la rue histoire d’inaugurer son salon en grande pompe. L’an passé, cinq cents personnes avaient fait le déplacement jusqu’à Vouneuil. Ils seront autant au printemps à communier autour d’une valeur cardinale : l’authenticité. « Demain, si la mode change, je ne changerai pas. » On vous conseille d’aller faire un tour sur Youtube et de regarder la vidéo consacrée à son univers. 4’38’ d’une plongée dans les 60’s.