L’ascension des « 4 jours »

Dans la Vienne, 35 communes sur 203 ont déjà émis le souhait d’opter pour la semaine de quatre jours à la rentrée prochaine. D’autres pourraient suivre.

Romain Mudrak

Le7.info

Les ultimes conseils d’école extraordinaires se sont tenus la semaine dernière. Partout dans la Vienne, enseignants, parents et élus communaux avaient jusqu’à vendredi pour se prononcer en faveur du maintien de la semaine de quatre jours et demi -généralisée en 2014- ou d’un retour à quatre jours. Le Président de la République avait promis de laisser le champ libre aux principaux intéressés sur la question. Les résultats sont tombés. Selon les premières estimations(*), cette seconde solution aurait été plébiscitée par 35 communes de la Vienne sur les 203 concernées (17%). Loin d’une lame de fond, ce chiffre représente une progression nette de cette tendance dans la Vienne. A la rentrée 2017, seules quelques municipalités s’étaient manifestées et quatre d’entre elles avaient ob- tenu l’autorisation de s’engager dans la démarche par l’Inspection académique.

Archigny n'est plus seule
A Archigny, on applaudit des deux mains la décision des villages voisins, qui ont voté majoritairement pour la coupure du mercredi. « Nous nous étions concertés, souligne le maire Jacky Roy, qui s’était retrouvé bien seul il y a cinq mois face aux parents sans solution de garde le mercredi matin. Nous avons dû ouvrir un lieu d’accueil pour dix-huit enfants en septembre, mais progressivement le nombre a diminué, indique l’édile. C’était un engagement. Aujourd’hui, ils sont quatre ou cinq. Les réactions ont été plutôt positives. » Avec l’entrée (probable) de Bonneuil-Matours dans le cercle des « 4 jours », les centres de loisirs du P'tit prince et de la Ligue de l'enseignement ouvriront leurs portes les mercredis matins et après-midis, pour recevoir tous les enfants de l’ancien canton. A Lencloître, c’est l’inverse. Le maire Henri Colin, le conseil municipal et la majorité de la communauté éducative ont dû se résigner aux quatre jours sous la pression des huit autres villages voisins. Ils envoient depuis toujours leurs enfants vers son centre aéré. En réalité, six d’entre eux ont voté la fin du mercredi travaillé. Résultat, le chef-lieu a fait pareil pour libérer ce jour-là les locaux de l’école, qui servent aussi de centre de loisirs...

Mercredi libéré
La suppression des activités périscolaires permettra à coup sûr aux communes de réaliser des économies plus ou moins importantes. A Oyré, également parmi les précurseurs de la semaine de quatre jours, le maire Philippe Foucteau évoquait en septembre « la fatigue des enfants » et « l’essoufflement des bénévoles » pour justifier sa décision. Tous estiment avoir écouté les parents. Des arguments qui se valent. Mais face à ces enjeux, l’intérêt de l’enfant est-il préservé ? On se souvient qu’en 2010, la neu- ropédiatre Karoline Lode-Kolz, qui exerçait au CHU, affirmait dans ces colonnes que cette semaine de quatre jours était « une erreur » : « Les enfants se couchent plus tard le mardi et rencontrent des difficultés à se lever le jeudi, notait l’experte. Des cours le mercredi matin, comme à Poitiers, constituent une avancée mais les journées sont toujours trop longues. » Malgré cela, le débat n’est pas près de s’éteindre.
Une vraie fracture semble d’ailleurs se creuser sur le sujet entre la ville et la campagne. A Poitiers, toutes les matinées seront conservées pour longtemps, même si plusieurs enseignants de la cité pictave ont suggéré le retour d’un mercredi libéré toutes les trois semaines, comme par le passé. Une demi-journée propice à la réflexion et à la coordination. Mais cette option n’est pas du tout d’actualité.

(*)Le résultat porte sur 60% des communes concernées.

Photo Archives NPi

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