Aujourd'hui
Le 1er juillet, la vitesse sur le réseau secondaire sera abaissée de 90 à 80km/h. Si le gouvernement entend « sauver des vies » avec cette mesure, les usagers de la route dénoncent pour leur part une focalisation exclusive sur le facteur « vitesse ». Les collectivités, elles, s’apprêtent à mettre la main à la poche pour changer les panneaux.
Rares sont les mesures de sécurité routière à faire autant jaser. Et à conduire les associations d’usagers de la route à unir leurs forces. Ce week-end, la Fédération française des motards en colère (FFMC) et 40 Millions d’automobilistes ont manifesté conjointement dans toute la France pour contester la décision du gouvernement d’abaisser la vitesse à 80km/h sur le réseau secondaire. « Nous le répétons et le démontrons depuis des mois, l’abaissement généralisé de la vitesse n’aura aucun effet positif sur l’accidentalité, explique Julie Hamez, chargée de communication de 40 Millions d’automobilistes. La grande majorité des usagers ne comprend et n’accepte pas cette mesure car elle reflète la focalisation exclusive sur le facteur « vitesse », au détriment de toutes les autres causes d’accident, telles que l’alcoolémie au volant, les stupéfiants, la dégradation de l’état des routes, l’hypovigilance… »
Le 9 janvier dernier, le Premier ministre Edouard Philippe a fait fi de l’opinion publique en annonçant, à l’issue du Comité interministériel pour la sécurité routière, l’abaissement généralisé de la vitesse sur près de 400 000km de routes françaises. Cette mesure entrera en vigueur le 1er juillet prochain. Reste que l’affaire est loin d’être entérinée, le Sénat venant d’entamer une série d’auditions qui conduira à la remise d’un rapport. Le gouvernement, de son côté, justifie sa démarche en s’appuyant sur des études menées par des associations de sécurité routière, qui affirment qu’elle permettrait de sauver 400 vies par an. Rappelons qu’en 2016, 3 469 personnes ont perdu la vie sur les routes françaises, dont 55% sur le réseau secondaire.
Des allongements sensibles du temps de trajet
Si les associations voient dans ce rebondissement « un espoir », elles ne décolèrent pas pour autant. « Quand les pouvoirs publics admettront-ils que la répression n’est pas une solution ?, s’insurge la FFMC. Nous rappelons au gouvernement trois axes majeurs prioritaires, à savoir la formation, l’incitation à l’équipement du motard et les infrastructures routières. » La semaine dernière, des cabines de radar ont été incendiées dans plusieurs départements par des vandales dénonçant une « opération racket ». A Poitiers ils ont simplement été bâchés.
Au-delà, l’abaissement de la vitesse à 80km/h aura des conséquences sur les temps de trajet et impliquera une modification de la signalétique. Dans l’agglomération poitevine, peu de modifications sont attendues. Grand Poitiers estime ainsi devoir remplacer « une centaine de panneaux à 75€ l’unité ». Le Département prévoit, lui, de débourser 5 000€. Certains trajets entre les villes de la communauté urbaine ne seront pas concernés par la mesure, puisque la vitesse y est déjà limitée à 70km/h. Pour le reste du 86, les usagers parcourant habituellement 10km à 90km/h (vitesse constante) verront leur temps de trajet passer de 6’40’’ à 7’30’’.
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