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Hier
Le courrier date du 30 octobre 2017, il est adressé à Stéphanie Thiébault, directrice de l’Institut écologie et environnement du Centre national de la recherche scientifique. Son auteur s’appelle Roberto Macchiarelli et voilà ce qu’il écrit au sujet du fameux fémur de Toumaï, collecté sur le terrain en 2001, par la mission franco-tchadienne conduite par Michel Brunet : « Plus de seize ans après sa collecte sur le terrain et treize ans après son identification, ce spécimen exceptionnel reste inconnu de la communauté scientifique. Sa soustraction (…) constitue non seulement un empêchement majeur à l’avancée des connaissances sur l’identité des premiers hominidés, mais aussi un problème majeur pour la crédibilité internationale de la recherche paléoanthropologique française… »
Le doute serait permis
En dévoilant sur la place publique(1) l’un des secrets les moins bien gardés de la paléoanthropologie internationale, le Professeur à l’université de Poitiers et au Muséum national d’histoire de Paris a déclenché une vraie tempête médiatique, au moment même où le 1 843e Congrès de la Société d’anthropologie de Paris (SAP) se tenait à… Poitiers. Aucun hasard dans le choix du calendrier, bien entendu. D’autant que la SAP a refusé à l’ancien membre du laboratoire de Michel Brunet un débat contradictoire autour du fameux fémur(2). Les enjeux sont colossaux. Si le fossile appartient finalement à un grand singe, cela signifie que Toumaï (7 millions d’années au compteur) n’est pas le plus ancien des hominidés sur Terre. Alors, bipède ou pas ? Pour Roberto Macchiarelli, qui l’a eu « quelques minutes sous les yeux », en février 2004, après qu’Aude Bergeret (cf. repères) lui a « demandé son avis », le doute serait permis. « N’oubliez pas que j’ai touché le registre tomographique d’Orrorin, ce qui n’arrive pas à tout le monde ! » Orrorin, bipède de 6 millions d’années, a été découvert par une autre paléoanthropologue tricolore, Brigitte Senut.
« La pièce est trop fragmentaire »
Au cœur du tourbillon médiatique depuis une semaine, Michel Brunet fait front. A nos confrères de Sciences et Avenir, le professeur au Collège de France jure qu’il va « publier les résultats de l’étude sur le fémur dans les meilleurs délais ». Un acte de contrition ? Pas vraiment puisque, dans le même temps, le scientifique, dans l’entretien qu’il nous a accordé (voir 7apoitiers.fr), parle de « polémique qui sort du champ de la science ». Et d’ajouter que la pièce est « trop fragmentaire » pour en tirer des conclusions. En outre, « il n’existe pas de connexion anatomique entre ce fémur et Toumaï, ce qui reste un préalable en paléoanthropologie. »
Michel Brunet n’a pas souhaité développer sa réponse dans Nature, arguant que « ses études étaient en cours » et qu’il ne « dirait rien avant ». De quoi sans doute alimenter toutes les rumeurs autour de la bipédie de Toumaï. De son côté, Roberto Macchiarelli réfute l’hypothèse de la « vengeance » ou même d’une prétendue « jalousie ».
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