Profession détective privé

Titulaire d’un Diplôme universitaire de Paris II Panthéon-Assas, Marine B. a lancé son activité d’agent de recherche privé à la rentrée 2017, dans la Vienne. Loin des clichés véhiculés par ce qu’on appelait en d’autres temps la « brigade des cocus ».

Arnault Varanne

Le7.info

Pour des questions évidentes de confidentialité, elle ne déclinera pas son identité. Nous l’appellerons donc Marine. La jeune femme de 26 ans ressemble à toutes ses contemporaines et pourrait donc exercer n’importe quelle profession. Sauf que cette licenciée en droit a choisi d’emprunter une voie peu commune, en lançant sa propre agence de détective privé. Par-delà les fantasmes -pas d’imperméable défréchi ni de bagnole au point de rupture-, Marine balise son champ d’intervention.

« Tout le monde voit le détective privé comme un chasseur d’adultère, à la limite de la morale, dans des enquêtes sombres, en train de poser des micros... Mon quotidien est loin de ces clichés et s’inscrit surtout dans la légalité. » Travail dissimulé, fraude à l’arrêt maladie, à l’assurance… Voilà les services les plus courants qu’elle propose aux professionnels. Côté particuliers, l’enquête pré-locative, pré-nuptiale, la garde d’enfants ou la recherche de personnes disparues font partie de l’éventail de suggestions. « L’adultère ne suffit plus aujourd’hui à caractériser le divorce pour faute. Il faut que la vie à deux soit devenue intolérable », abonde la diplômée de Paris II Panthéon-Assas.  

« Se fondre dans la masse »

Depuis ses premiers pas, en octobre dernier, l’agent de recherche privé a déjà décroché deux contrats, l’un avec une entreprise sur l’exercice illégal d’une activité réglementée, l’autre avec un particulier. Un juge de paix escorte son quotidien : la loi, rien que la loi. « On ne crée pas de faux profil sur Facebook par exemple », illustre-t-elle. En revanche, Marine n’est pas obligée de se présenter lorsqu’elle sonne à la porte d’un particulier. « L’idée n’est pas de se cacher, mais rien ne nous interdit de nous fondre dans la masse. » A l’issue de ses enquêtes, qui peuvent durer plusieurs mois, la jeune femme remet systématiquement un rapport de mission (photos, relevés bancaires…), non pas au client mais à son avocat, soumis comme elle au secret professionnel. Lequel pourra s’en servir face à un juge.

Dans la Vienne, ils sont quatre à se partager le marché, dont Vienne Investigations. L’agence de Marine a vu son activité agréée par le Conseil national des activités de sécurité privée il y a quelques semaines. C’est l’autorité de tutelle d’une profession dont les représentations n’ont pas beaucoup changé au cours des dernières décennies.

Plus d’infos sur www.vienne-investigations.fr. Les autres agents dans la Vienne : Vigifil investigations, Julien Cambrone et cabinet JCDI Investigations. 


Du détective à la détection
Si les entreprises font appel à des détectives privés, elles sollicitent aussi de plus en plus les spécialistes de l’intelligence stratégique. Ancien sous-officier « intelligence économique » à la région de gendarmerie de Poitou-Charentes, Jean-Michel Lathière a lancé son cabinet de conseil il y a quelques mois. Son activité : sensibiliser les acteurs économiques aux risques humains, "terrain" et informatiques. « De plus en plus d’entreprises prennent conscience de la nécessité de se protéger, sans forcément savoir comment faire, indique le consultant. En général, je réalise un audit avec le Directeur des services informatiques de la structure, avant de remettre des préconisations aux dirigeants. » Phishing, arnaque au président, développement des rançongiciels… Le risque n’est jamais très loin (cf. n°270). Cette culture préventive est d’autant plus vitale qu’à partir du 25 mai prochain, les entreprises devront se conformer au Règlement général sur la protection des données (RGPD). Autrement dit, établir une cartographie des risques et mettre à disposition de tous ceux qui le demandent (salariés, clients, partenaires…) leurs données personnelles. « Les entreprises qui se feront pirater devront déclarer l’incident dans les 72h, sous peine de s’exposer à des amendes allant jusqu’à 4% du chiffre d’affaires. »

Plus d’infos sur www.intellie.fr
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