« Le 22 mai 1975, j’accompagne ma mère à la boucherie-charcuterie de Marigny, bourgade du sud Deux-Sèvres. Tandis qu’il découpe une tête de canard, M. Bonnifait, le boucher-charcutier, me scrute fixement avant d’interpeller ma mère d’un air avisé : ben dites donc, il a un grand front le gamin, il sera intelligent ! Depuis ce jour, je me crois intelligent. Quelle chance ! » Thierry Faucher, alias « Titus », jure que cette anecdote de sa propre vie est vraie. Ce souvenir a en tout cas incité le comédien à se pencher sur la question de l’intelligence et du fonctionnement du cerveau.
De cette réflexion, est né un spectacle intitulé « A peu près égal à Einstein ? », qui sera joué le 19 janvier, à la Maison des 3 quartiers. Seul en scène, l’artiste de la compagnie Caus’Toujours colporte des vérités scientifiques, mais aussi une poignée de balivernes écrites délibérément. « De par mon métier, je suis un menteur professionnel, mais j’aime le faire sciemment. » Alors, pour élaborer les textes de ce monologue, il s’est rapproché du laboratoire de psychologie de l’université de Bordeaux. « J’ai rencontré des spécialistes de la mémoire, de la perception, de l’apprentissage. J’ai échangé avec des thésards et suivi des cours. Dès que je captais des informations intéressantes et suffisamment ludiques, je les gardais pour le public. » Il a aussi servi de cobaye à plusieurs reprises pour des tests de QI et des expériences sur les émotions... A Poitiers, il a visité le laboratoire de neurosciences expérimentales et cliniques du professeur Mohamed Jaber, histoire de mieux comprendre son domaine d’investigation.
Intelligence subtile
A partir de ses recherches, « Titus » tente d’expliquer des phénomènes qui ont changé la face du monde. Un exemple ? Que s’est-il passé dans l’esprit de Zidane avant son célèbre coup de tête à Marco Materazzi contre l’Italie, en finale de la Coupe du monde 2006 ? Ou plus sérieusement, « les gens intelligents sont-ils plus heureux ? ». Une autre parlera sûrement à l’ensemble du public : « Reste-t-on intelligent quand on est amoureux ? » Subtilité et se- cond degré sont les marques de fabrique de Thierry Faucher qui, finalement, n’apporte pas de définition ultime de l’intelligence : « Si on figeait les choses, on aurait les gens intelligents d’un côté et les autres. Du coup, on retomberait dans une sorte de bêtise et de stigmatisation. Le cheminement vers une meilleure compréhension des différentes formes d’intelligence est plus pertinent. » Ou, comme disait Albert Einstein : « Je n’ai pas de talents particuliers, je suis juste passionnément curieux. »
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