Exsangue nancièrement et en manque de visibilité, la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne se trouve dans une posture défensive. Que la vente probable de son siège du Futuroscope et son désengagement presque intégral de l’aéroport ne feront que renforcer.
C’est bien connu, « les emmerdes volent toujours en escadrille ». Suivant ce principe, l’horizon de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne sera une nouvelle fois bouché en 2018. Et pas qu’un peu. Au-delà de la désaffection de ses ressortissants (15,4% de participation aux dernières élections), l’organisme consulaire doit gérer une pénurie de moyens sans précédent. « 750 000€ en moins cette année, 50% en quatre ans. Qui peut faire avec ça ? », s’insurge Claude Lafond, son président. En guise d’étrennes, le traiteur annonce tout de go que la CCIV ne paiera que 100 000€ des 750 000€ annuels dus au Syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers-Biard. « On ne peut pas donner plus... », ajoute-t-il.
Histoire de se redonner des marges de manœuvre, la Chambre de commerce réfléchit à céder son siège de la Technopole du Futuroscope. Trente-six agents se partagent aujourd’hui 2 300m2. Intenable à terme, d’autant que la Maison de la formation rénovée peut accueillir sans difficulté les « rescapés » du siège. « Ce n’est pas du tout à l’ordre du jour, balaie pourtant Claude Lafond. Avant de reconnaître, magnanime, que « c’est une option pour faire des économies ». Le chef d’entreprise a déjà rencontré plusieurs investisseurs, dont Grand Poitiers selon nos informations. « Ce serait un acte de saine gestion », estime David Cottereau, dirigeant d’Enviro Développement et candidat (malheureux) à la succession de Philippe Chartier, en 2016. Qui estime cependant que la « légitimité de la CCIV est posée ». « Cela ne se décrète pas, il faut une stratégie claire et visible de l’extérieur ! » Force est de constater que la stratégie de l’organisme consulaire est plutôt défensive.
Fusion inéluctable
Même s’il évacue le sujet sur l’air de « c’est du passé », Claude Lafond sait que le boulet de France Business school lui colle encore aux basques, au sens propre comme au figuré. En 2020, la CCIV aura enfin terminé de payer l’ardoise de 2M€, qui pèse aussi sur ses comptes. « Quand on a un grand nombre de financeurs dans une organisa- tion pas adaptée, on a une dilution de la responsabilité, enfonce Jean-François Monteils, président de la Chambre régionale des comptes. Dans le dossier FBS, personne n’a vraiment contrôlé car personne ne s’est senti responsable de ce contrôle. Il y a probablement eu un défaut de gouvernance. »
Ces vents contraires pèsent forcément sur le moral des troupes. Sous le sceau de l’anonymat, un salarié reconnaît que « la situation est difficile à vivre pour les agents ». « On donne l’impression que la Chambre est moins présente sur le terrain, qu’elle appuie moins les associations d’entreprises... » Le même salarié s’inquiète des projets de services payants aux entreprises. « Si on commence à faire du consulting, on dénature l’esprit de service public ! » Dans le réseau consulaire, d’autres alternatives pourraient s’imposer, à commencer par la fusion des chambres. La CCIV et la Chambre de métiers et de l’artisanat auront-elles un train d’avance ? « Il est bien évident qu’un jour ou l’autre, il faudra que ça se fasse », conclut Claude Lafond. Une question de survie.
Le chiffre
6. En millions d’euros, c’est le montant des travaux de modernisation de la Maison de la formation.
La phrase
« Sur l’apprentissage, quel que soit le fléchage des moyens et la répartition des tâches, le plus important est que les entreprises et les apprenants y trouvent leur compte. »
De Philippe Jehanno, président de l’UIMM de la Vienne, au sujet de la future réforme de la formation, dont les premiers éléments laissent à penser que les branches professionnelles joueront un rôle majeur dans la gouvernance de l’appren- tissage. Selon nos informa- tions, les rapports seraient aujourd’hui très tendus entre le Medef-UIMM et la CCIV.