Très chers médecins intérimaires

Hôpitaux, cliniques, Ehpad... La plupart des établissements hospitaliers ont recours aux médecins intérimaires. Depuis le 1er janvier, leur rémunération est plafonnée, mais la facture reste forcément lourde.

Romain Mudrak

Le7.info

Assurer la continuité du service… C’est le maître-mot de tous les gestionnaires d’établissements hospitaliers. Or, les épidémies de l’hiver ne leur laissent aucun répit. Pendant les vacances, c’est encore pire. Pour remplacer au pied levé un médecin absent, la plupart des hôpitaux, cliniques et Ehpad de la Vienne font appel à des intérimaires. Ils ont recours à des agences dédiées. Le problème, c’est que certaines spécialités souffrent d’un manque chronique d’internes. Urgentistes, anesthé- sistes, radiologues se négocient à prix d’or. Entre 1 100 et 1 500€ brut pour vingt-quatre heures de travail effectif. Parfois plus dans certains hôpitaux moins attractifs.

Le CHU n’échappe pas à la règle, malgré sa taille et sa position centrale à Poitiers. En 2016, l’emploi temporaire a représenté deux équivalents temps plein de praticiens hospitaliers. Sur 450, cela peut paraître marginal. « Mais un intérimaire coûte à l’hôpital plus du double d’un médecin titulaire », souligne Carles De Bideran, directeur des affaires médicales. Idem pour les gardes, payées plus cher. La facture s’est élevée à 450 000€ l’année dernière. De quoi plomber les comptes publics. « La situation s’améliore », poursuit toutefois le chef de service. Qui estime être en mesure de diviser par deux le recours à l’intérim en 2018.

Fidéliser les médecins
Pour y parvenir, le CHU mise sur des équipements de pointe sus- ceptibles d’attirer des praticiens, notamment en imagerie et chirurgie. Par ailleurs, l’établissement s’est résolu à comptabiliser le « temps continu » des médecins à l’heure, « ce qui facilite les récupérations », assure Carles De Bideran. La qualité de l’enseignement et le travail en équipe sont également mis en avant pour garder les internes à la fin de leur cursus.

Une nouvelle disposition législative devrait aider les hôpitaux à baisser leur facture. Depuis le 1er janvier, un décret plafonne le montant de la rémunération journalière (24h proratisées) des intérimaires à 1 404€ brut en 2018, puis 1 170€ en 2020. Une façon de stopper la surenchère entre établissements. L’enjeu est de taille. Et ce n’est pas qu’une question d’argent. « Médecins et équipes doivent bien se connaître, il faut éviter les changements répétés pour le bon fonctionnement du service », note Stéphane Péan, directeur des hôpitaux de Châtellerault et Loudun. Lui se félicite de l’action de l’équipe territoriale d’urgentistes, qui a permis de réduire sensiblement le recours à l’intérim. Créée en janvier 2017, cette brigade peu répandue en France intervient selon les besoins dans le Nord-Vienne comme à Poitiers, Montmorillon ou Lusignan. Ces spécialistes (une cinquantaine) sont rattachés à des sites de prédilection, mais amenés à se déplacer pour assurer la sacrosainte continuité du service.

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