Tout pour la musique

Gérard Blanchet. 64 ans. Dirige le choeur d’enfants de Poitiers depuis près de trente ans. Animé par une passion dévorante de la musique, pour laquelle il a mis entre parenthèses une partie de sa vie de famille.

Florie Doublet

Le7.info

Même visage rond et yeux rieurs. Même passion pour la musique et le chant. Même soif de transmission… Gérard Blanchet partage de nombreux points communs avec Clément Mathieu, le sympathique professeur des « Choristes ». La comparaison l’amuse. « Ah oui ? C’est vrai que je ressemble un peu à Gérard Jugnot. »

Depuis 1989, Gérard Blanchet dirige avec ferveur le choeur d’enfants de Poitiers. Derrière son pupitre, il indique à ses jeunes disciples la voix(e) de la justesse. « Ils chantent tous admirablement bien. Mais en vingt-huit ans, je crois que ma plus belle réussite, c’est d’avoir transmis à mes choristes quelques belles valeurs. Celles de l’effort, du travail, de la discipline et, surtout, de l’entraide et du respect de l’autre. »

Plus de trois cents jeunes ont bénéficié de ses leçons de chant, de vie. Bien plus si l’on compte tous les élèves du collège Théophraste-Renaudot. « Je suis resté quarante-deux ans dans le même établissement et j’ai toujours été très heureux d’enseigner. J’ai eu une carrière absolument extraordinaire », affirme dans un grand sourire le professeur d’éducation musicale à la retraite.

Professeur, une vocation

Un bonheur simple. A son image. Son don inné pour la musique aurait pourtant pu le propulser au sommet. Bambin, Gérard reproduisait sur un petit piano tous les titres qui passaient à la radio. A 5 ans, il donnait son premier concert de clarinette. « Je ne pouvais même pas tenir complètement l’instrument, j’étais obligé de le poser sur une chaise », raconte-t-il dans un éclat de rire. Plus tard, de grands musiciens, tel que Jacques Lancelot, l’ont poussé à intégrer le conservatoire de Paris pour devenir concertiste. « Mais moi, je voulais juste être prof ! » Une vocation à laquelle il ne pouvait pas renoncer. Pourtant, rien ne le prédestinait à embrasser ce sacerdoce. « Mes parents étaient des gens très simples, sans diplôme, issus de la campagne. Pendant plusieurs années, l’été, ils géraient un camping dans le Pays Basque. Je vendais des glaces, des frites et des pizzas. Et puis, j’animais les tournois de badminton et les soirées dansantes. J’en garde de très bons souvenirs. »

« Profiter de la vie »

C’est là, entre deux tentes, que Gérard a connu Elisabeth. Une Poitevine en vacances, qui allait devenir sa femme et lui donner trois magnifiques filles. Après quarante-deux ans de vie commune, le couple a fini par se séparer. Une décision mutuelle, mûrement réfléchie, prise sans cri ni haine. « Nous ne voulions surtout pas devenir des gens aigris, pétris de regrets, explique Gérard. Il n’y a rien de pire que de subir le quotidien. »

Sans doute le musicien s’est-il laissé débordé par sa passion. Sans doute le temps passé auprès des choristes a manqué à son épouse. Sans doute la routine a peu à peu gagné le foyer. Sans doute… « Oh, je ne suis pas tout blanc », reconnaît cet hyperactif. Ses amis l’avaient prévenu, un divorce n’est « jamais facile ». « Mais je n’imaginais pas à ce point, avoue-t-il pudiquement. Ça a été une épreuve violente. »

Aujourd’hui, la « famille formidable » s’entend à merveille. Ses cinq membres communiquent par WhatsApp et s’échangent régulièrement des nouvelles. « Une page s’est tournée, voilà tout. » Gérard a même retrouvé l’amour en la personne de Sylvie. Une maman de choristes plus jeune de quatorze ans que lui. « Je crois qu’elle a été séduite par ma façon d’enseigner et, moi, par son caractère un peu bohème. Parfois, elle arrive près d’une heure en retard aux rendez-vous. Et vous voulez que je vous dise ? Je m’en fiche ! » Gérard est heureux. A 64 ans, le chef de choeur n’a pas encore reposé le diapason. Il n’aspire qu’à une seule chose : « Profiter de la vie ».

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