Recherche donneurs désespérément

Chaque année, en France, 3 500 couples infertiles souhaitent bénéficier d’un don de sperme ou d’ovocytes. Mais la demande est supérieure à l’offre et les délais d’attente s’allongent. Dans la Vienne, certains ont décidé de se passer des centres spécialisés et de rechercher leur donneur sur les réseaux sociaux.

Florie Doublet

Le7.info

« Devenez donneur de bonheur. » Tout au long du mois de novembre, cette campagne de sensibilisation de l’Agence de biomédecine a été diffusée sur les ondes et même au cinéma. Derrière ce slogan positif, se cache une réalité méconnue : l‘insuffisance de dons de sperme et d’ovocytes permettant aux couples infertiles de devenir parents. En France, on estime qu’il faudrait 1 400 donneuses (contre 540 actuellement) et 300 donneurs (contre 255), chaque année, pour répondre aux besoins.

En 2015, en Nouvelle-Aquitaine, seules trente-huit femmes et treize hommes ont réalisé un don au sein du Centre d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humains (Cecos), implanté à Bordeaux. A l’heure actuelle, un couple doit patienter deux à trois ans avant d’espérer recevoir un don. Et cette pénurie pourrait s’accélérer avec l’ouverture à la Procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes (lire n° 369).

Un donneur aux yeux marrons

Certains en ont assez d’attendre et ont décidé de contourner la voie légale. Sur Facebook, le groupe « Don d’ovocytes et de sperme » compte plus de 1 300 membres. Alice en fait partie. Son conjoint vit très mal son infertilité et veille à ce que le secret soit bien gardé. « Nos familles ignorent tout de notre démarche, explique cette Charentaise. Nous recherchons donc un donneur ayant les mêmes caractéristiques physiques que mon compagnon. Nous ne prendrons pas un blond aux yeux bleus, étant donné que mon ami est brun aux yeux marron et d’origine espagnole. » Son annonce a reçu plusieurs réponses d’hommes de toute la région.

Des motivations multiples 

À Poitiers, Line n’hésite pas à « faire le tri ». « Beaucoup d’hommes recherchent des plans cul (sic), assure-t-elle. Nous refusons les rapports et exigeons la méthode « artisanale », avec un pot et une seringue stérile. » D’après elle, les donneurs « sérieux » seraient animés par une volonté réelle de venir en aide aux couples infertiles. « Ils ne demandent rien. Certains sont déjà pères de famille, d’autres célibataires et souhaitent le rester. »

Impossible d’occulter la part purement narcissique de ces « bienfaiteurs ». « On sait que les hommes ont besoin de se rassurer sur leur virilité. Je ne les juge pas », affirme Aurélie. La Poitevine et sa compagne ont longtemps refusé de se rendre dans une clinique étrangère pour bénéficier d’une PMA. Trop long, trop coûteux et trop fatigant. Grâce aux réseaux sociaux, elles ont trouvé la perle rare en quelques mois et attendent désormais la période de fertilité optimale. Une fois la grossesse confirmée, le géniteur disparaîtra de la vie des futures mamans. Et pourra proposer son « aide » à un autre couple…
 

Qui peut donner ?
La loi de bioéthique interdit le don direct, c’est-à-dire entre deux individus qui se connaissent. Dans les Cecos, le don est gratuit et strictement anonyme. L’homme doit être âgé de moins de 45 ans et avoir le consentement de son ou de sa conjoint(e) s’il est en couple. Les femmes doivent avoir moins de 37 ans et obtenir également l’approbation de leur conjoint(e).

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