Mère célibataire de deux enfants lourdement handicapés, Lisa Desmet aimerait retrouver une activité professionnelle. Hélas, cette Poitevine de 40 ans bute sur de nombreux obstacles. D’où son coup de gueule en forme d’appel à l’aide…
Elle a mis sa vie professionnelle entre parenthèses depuis dix ans. Une décennie au cours de laquelle elle n’a eu de cesse de s’occuper de « ses bébés ». Axel, 10 ans, est autiste. Son petit frère, Leny, 7 ans, souffre d’hypotonicité, au point de se déplacer en fauteuil. Les deux « ne parlent pas et ne sont pas propres ». « J’ai longtemps habité à la campagne et je me sentais très seule, prolonge Lisa Desmet. Je suis arrivée à Poitiers il y a deux ans, mais le sentiment d’isolement reste fort. » Une semaine sur deux, Axel et Leny sont chez leur père. A peine le temps de « recharger les batteries » que leur mère doit se replonger dans un quotidien fait de contraintes.
A 40 ans, Lisa aimerait plus que tout reprendre une activité professionnelle. « Caissière, auxiliaire d’ambulance… Beaucoup de choses m’intéressent. Mais comment faire dans ma situation ?... » La journée, Axel est pris en charge à l’Institut médico-éducatif de Mauroc, mais « sort à 16h15 », sans possibilité de le laisser en garderie. Quant à Leny, il est accompagné par L’Oasis, une structure basée à Vouneuil-sous-Biard. « Un boulot, ce serait une vraie bouffée d’oxygène, un moyen de voir l’avenir autrement. » Jusque-là, la mère de famille touche le Revenu de solidarité active et les Allocations d’éducation d’enfants handicapés (AEEH). De quoi subvenir à ses besoins, mais sans plus. D’autant que les frais inhérents au handicap d’Axel et Leny sont élevés. « Si je reprends un job et que je perds le RSA, je mettrai tout mon revenu pour les faire garder. Les tarifs sont exorbitants. Pourquoi travailler dans ces conditions ? »
Changer le regard
A travers son témoignage dans nos colonnes, Lisa Desmet espère sortir de l’ornière et ouvrir les yeux de ses contemporains sur le handicap. « A titre d’exemple, je voudrais que les valides arrêtent de squatter les cabines pour personnes handicapées à la piscine ! » Dans son « combat de tous les jours », l’ancienne toiletteuse à son compte peut s’appuyer sur l’Alepa 86 (Activités de loisirs éducatifs pour personnes avec autisme). Axel s’y rend régulièrement et il revient à chaque fois « épanoui ». Le Centre départemental d'information des droits des femmes et de la famille (CIDFF) est aussi un précieux relais. Christelle Maixandeau est aux premières loges des difficultés rencontrées par les familles monoparentales.
« A quoi sert-il de préparer un projet professionnel si ces mères célibataires ne peuvent pas se libérer de cette emprise ? », interroge la conseillère à l’emploi du CIDFF, qui intervient dans le cadre du Plan local d’insertion vers l’emploi. La question reste jusque-là sans réponse.
Contact : lisadesmet86@gmail.com