Entre faits divers et commerces vacants, Beaulieu et sa place des Templiers sont au centre de toutes les attentions depuis plusieurs mois. Face à ce constat, habitants et commerçants s’organisent pour redorer l’image du quartier.
L’ambiance a changé à Beaulieu. Les commerçants témoignent d’incivilités. Une vitrine a même été brisée. Des groupes de jeunes stagnent au pied des immeubles jusque tard dans la nuit. Selon les forces de police, certains recoins seraient même propices au trafic de drogue. On se souvient du dernier épisode en date. Fin septembre, un homme a tiré sur un autre, place Jean-le-Bon, avant de jeter son arme dans l’enceinte de l’école Alphonse-Bouloux. Une arme heureusement très vite retrouvée, avant le retour des élèves.
Au final, si le nombre d’interventions policières n’a pas beaucoup augmenté, un sentiment d’insécurité s’est développé. Forcément, l’image du quartier en a pris un coup. De quoi faire fuir la clientèle vers les enseignes de la grande distribution situées à deux pas de là. Conséquence, sur la vingtaine de commerces des Templiers et de la place Philippe-le-Bel, la moitié est aujourd’hui inoccupée. Boulanger, buraliste, pharmacien, coiffeur et gérants de la superette tiennent bon. Mais les pressions sur le chiffre d’affaires se font de plus en plus prégnantes. Dans ce contexte, la réunion de mercredi dernier a sonné en quelque sorte la mobilisation générale. Autour de la table, se sont retrouvés les commerçants, bien sûr, le conseil citoyen évidemment, mais aussi la directrice et les animateurs de la maison de quartier, Ekidom le bailleur social propriétaire de l’ensemble des locaux disponibles aux Templiers, ou encore l’Adsea (association départementale pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte). Ses deux éducateurs de rue effectuent un travail de longue haleine depuis janvier. Egalement présente, Jacqueline Gaubert. Comme les autres interlocuteurs, l’adjointe à la Vie des quartiers estime que « la tension est retombée depuis quelques semaines ».
Créer des lieux de vie
Le problème de fond demeure : comment attirer plus de monde pour redynamiser cette place (des Templiers) en déshérence ? A la demande du conseil citoyen, une vingtaine d’étudiants en master à la faculté de géographie de Poitiers se sont penchés sur cette partie du quartier. De leur analyse, a émergé une préconisation : transformer cet axe de passage à vocation économique en véritable lieu de vie. Dans cette perspective, le centre d’animation de Beaulieu a un rôle à jouer, à travers son annexe baptisée le « P’tit B ». Le mardi matin, c’est un lieu d’aide à l’insertion pour les personnes en recherche d’emploi. Le jeudi après-midi est notamment apprécié des retraités isolés. Mais sa directrice, Béatrice Charrier, aimerait « l’ouvrir à une population plus large ». Et elle a déjà quelques idées en tête...
Ekidom annonce de son côté l’arrivée d’un relais d’assistantes maternelles. Dans la même veine, une poignée d’habitants aurait dans ses cartons un projet de bar solidaire, en lieu et place de l’ancien café-restaurant abandonné au cœur de la place. « Pour l’instant, nous n’avons rien à annoncer, nous en sommes au stade du diagnostic, une autre réunion est prévue au cours du premier trimestre 2018 », admet Jacqueline Gaubert. Quel que soit le projet, reste à savoir qui de la mairie -soumise à la disparition partielle de la taxe d’habitation- ou d’Ekidom, qui va devoir baisser ses loyers pour compenser la réduction des APL décidée par le gouvernement, acceptera de mettre la main au portefeuille.