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« Soulager, mais pas tuer » s’inquiète
Catégories : Société, Santé, CHU Date : jeudi 11 décembre 2014Le collectif « Soulager mais pas tuer » a réagi au rapport sur la fin de vie présenté, ce matin, à l’Elysée par Jean Léonetti et Alain Claeys. Il s’inquiète du contournement des mots « euthanasie » et « suicide assisté » sous l’expression « sédation profonde et continue jusqu’au décès ».
« Ceci confirme la menace d’une euthanasie déguisée », dénonce le collectif, qui poursuit : « La sédation en phase terminale, prenant le risque d’accélérer exceptionnellement la survenue du décès, peut être légitime. En revanche, une sédation qui a pour intention et résultat de provoquer rapidement la mort est une euthanasie. Jouer avec ces mots, c’est introduire une grave confusion qui risque d’insécuriser les patients qui douteront de l’intention réelle de ceux qui les soignent. »
Concernant les directives anticipées, « Soulager mais pas tuer » précise que « les rendre « contraignantes » n’est acceptable que si l’on privilégie toujours le dialogue entre soignants et soignés ». « La focalisation du débat sur ces questions présente un risque majeur, conclut le collectif. Celui de favoriser, de façon systématique et déshumanisée, l’application de protocoles de fin de vie anesthésiques répondant à l’angoisse, non plus par une écoute et par un accompagnement, mais par un endormissement anticipé coupant toute conscience et tout relation. »
Le mouvement considère toutefois « positive » l’annonce de François Hollande de développer les soins palliatifs avec la mise en place d’un plan triennal, « une priorité attendue depuis 2012 par tous les Français ». « L’abstention du gouvernement sur ce sujet n’a que trop duré : il faut passer aux actes. »
Pour Françoise Casado, déléguée départementale de l’Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité, la proposition de loi est une « mascarade ». « Le fait de rendre contraignantes les directives anticipées ne change pas grand-chose à la loi Léonetti, assure-t-elle. Car en l’absence de clause de conscience, le médecin n’aura pas d’obligation à demander à un autre d’agir à sa place, si lui-même refuse d’injecter le sédatif. » Elle ajoute : « Encore une fois, la proposition est trop frileuse. Elle n’a que le mérite de « déculpabiliser juridiquement » le corps médical. Mais pourquoi ne pas convenir, enfin, d’une dépénalisation conditionnelle de l’euthanasie ? »
Par ces propos, l’ADMD rejoint la position de la députée écologiste du Nord-Vienne Véronique Massonneau, qui proposera, le 29 janvier prochain, une loi visant à assurer aux patients le respect de leur choix de fin de vie. A travers elle, elle souhaite que « l’on ouvre enfin le débat sur l’euthanasie pour celles et ceux qui la demandent, et sur le suicide assisté ». « La concrétisation de l’engagement 21 du président de la République ne peut se faire a minima », ajoute-t-elle.
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