Agitateur de relations humaines

Richard Bowcott. 57 ans. Dirigeant de l’entreprise Impaqt. Consacre sa vie professionnelle à favoriser l’épanouissement des individus. Vient de publier un livre sur le développement individuel et collectif. Signe particulier : se sent citoyen du monde.

Arnault Varanne

Le7.info

A 20 ans, Richard Bowcott aurait déjà trouvé « extraordinaire de vivre jusqu’à 40 ». « Dans ma tête, c’était déjà très vieux ! » Le natif de Birmingham a soufflé ses 57 bougies la semaine dernière, à Poitiers. Contrairement à beaucoup de ses contemporains, il n’a pas la nostalgie du temps qui passe et le rapproche de l’échéance ultime. Pour autant, le dirigeant d’Impaqt éprouve une forme d’accomplissement. Il a son « chez (moi) », un « feu de cheminée », un « potager », une « femme extraordinaire » et deux garçons (26 et 21 ans) sur la voie de la réussite. Voilà donc qu’il veut « reprendre les voyages ». Ceux-là même qui l’ont conduit pendant quatre ans à découvrir le monde. « C’était ma fac à moi, une super formation bien plus utile que des enseignements classiques. »

D’Israël à l’Arabie saoudite, de l’Italie à l’ex-Yougoslavie, du Maroc à la France, « Richie » le British s’est accompli dans sa première existence d’explorateur. Ses parents n’y ont rien trouvé à redire. Il admire sa mère, « une femme extraordinaire, orpheline à 6 ans, assistante sociale dans l’âme et d’une force mentale hors du commun ». Comme son père, aquarelliste, elle lui a donné le goût de la curiosité, de l’ouverture et du voyage. Il en parle avec les yeux de Chimène, même s’ils ne se voient « malheureusement pas assez ». C’est ici, à Poitiers, que le petit-fils de cheminot syndicaliste a posé ses valises, au début des années 80. Grâce à son père, dont Le Local exposait les œuvres.

« Acteur de mon destin »

« Il m’a demandé de lui donner un coup de main pour mettre en place l’expo. Et voilà… » Et voilà comment l’explorateur a repris le fil d’une existence « normale », entre cours de Français langues étrangères (FLE) à la fac de lettres et début d’histoire d’amour avec sa désormais ex-épouse. « Grâce à ce Deug, j’étais acteur de mon destin. » La suite l’a conduit vers la Maison de la formation, à un poste de formateur en anglais version rock’n’roll. « Je donnais des cours aux apprentis, mais je n’en donnais pas vraiment », glisse-t-il sibyllin. Exit les salles de cours. Richard Bowcott privilégie le restaurant et la cuisine pour échanger avec les futurs professionnels de l’hôtellerie. Trois ans plus tard, l’iconoclaste propose « au culot », au président de la Chambre de commerce et d’industrie, de créer un Centre d’études de langues. Guy-Louis Chaveneau lui dit « banco ».

« L’humain comme principale ressource »

Passeur de savoirs devant l’éternel, l’Anglais s’éclate à la tête de cet organisme. « A partir du moment où on donne du sens, où les notions de plaisir et d’intérêt se conjuguent, on intéresse les gens. » C’’est ce que ce « citoyen du monde » s’applique à réaliser au sein d’Impaqt, entreprise qu’il dirige depuis près de vingt-cinq ans. L’apprentissage des langues et du management comme « modèle de développement individuel et collectif » fait florès. Dans le prologue de son dernier livre (*), Richard Bowcott dit ceci : « J’ai toujours cru en l’humain comme principale ressource face aux difficultés. » La foi chevillée au corps, il essaime aux quatre vents ses convictions de manager enthousiaste et enthousiasmant. Il dit pis que pendre du système scolaire français « pervers », « focalisé sur ce que les gamins ne savent pas » plutôt que sur leurs compétences. « Mon job, c’est de faire prendre conscience  aux gens de leur pouvoir. Le meilleur cadeau qu’on puisse faire à un enfant, c’est lui donner le goût de l’effort. »

Récemment, le plus Français des sujets de sa majesté a eu « l’immense honneur » d’échanger avec Stephen Karpman, inventeur du triangle dramatique, l’un des piliers de l’analyse transactionnelle. Les deux hommes ont eu l’occasion de croiser leur regard sur les ressorts émotionnels qui nous composent. « Aujourd’hui, nous n’utilisons que 5% de notre cerveau. Je fais partie de ceux qui veulent encourager les autres à utiliser les 95% restants. » Une vie, fut-elle éternelle, n’y suffira pas. 

(*) Mmapper, éditions Impaqt. 19,50€. 

À lire aussi ...