Le photographe Sébastien Laval expose le récit de vingt années de travail au Vietnam, pendant lesquelles il a rencontré toutes les ethnies du pays. Rendez-vous jusqu’au 23 novembre au Dortoir des moines, à Saint-Benoît.
Un choc émotionnel et culturel. » Voilà comment Sébastien Laval qualifie son arrivée à Hanoï. C’était le 10 décembre 1995, juste un an après la levée de l’embargo américain. Le Vietnam s’ouvre petit à peut au monde. Les voitures sont aussi rares dans les rues que les visiteurs venus d’Occident. C’est là que le photographe poitevin débarque, à 22 ans, avec un ami journaliste de L’Humanité. « Pour la première fois, je partais loin de Poitiers. Il n’y avait ni portable ni Internet, se souvient l’intéressé. J’étais fasciné par l’histoire de ce pays, les invasions successives, la guerre évidemment, mais je n’avais jamais travaillé à l’étranger. » S’en suivent pourtant vingt ans d’allers-retours incessants pour accomplir la mission qu’il s’est fixé : partir à la rencontre des populations oubliées, installées dans les provinces reculées et souvent montagneuses du Vietnam.
Les cinquante-quatre ethnies de ce pays escarpé, il les a toutes rencontrées. A commencer par les Pa Then, dans le Nord, qu’il a fait venir dans la capitale. « Je présentais mon travail au musée ethnographique d’Ha- noï. J’ai invité cinq femmes de cette région pour qu’elles parlent de leur culture. C’était la première fois. Des journa- listes sont ensuite partis tour- ner des reportages sur place. Pour moi, c’était gagné. » Cette exposition médiatique n’avait qu’un seul but : que les gens fassent connaissance.
Une partie de ce travail est exposée au Dortoir des moines, à Saint-Benoît. Une trentaine de clichés tirés en grand format montrent aussi la modernisation fulgurante du pays en l’espace de vingt ans. Au centre de la grande salle voûtée, un film reprend des scènes de la vie quotidienne tournées au fil de l’eau. Aucun montage, juste des sons rapportés directement du Vietnam. Un témoignage vivant. A voir jusqu’au 23 novembre.