Schizophrénie : des mots sur les maux

Le congrès du réseau Profamille se déroule jeudi et vendredi, au centre de conférences de Poitiers. Ce programme d’origine québécoise est destiné aux proches de personnes souffrants de schizophrénie.

Arnault Varanne

Le7.info

A en croire Yves Pétard, ce serait « l’une des dernières maladies honteuses » dans notre société. La schizophrénie fait peur, encore et toujours, alors qu’1% de la population française souffrirait de troubles plus ou moins sévères. Le président de l’Unafam (*) Vienne, lui-même père d’un jeune adulte schizophrène, ne perd jamais une occasion de briser le tabou. Ou, à tout le moins, d’inviter les proches de malades à « parler ». Le congrès national du réseau Profamille constitue une occasion en or de mettre en lumière le travail des agents du Centre de réhabilitation et d’activités thérapeutiques intersectoriel de la Vienne (Créativ) du CH Laborit.

Dans leurs locaux de l’avenue Robert-Schuman, infirmières et psychologues s’appuient, depuis 2011, sur un programme psychoéducatif tout droit venu du Québec et qui a fait ses preuves. « Il est destiné aux proches », avance le Dr Nathalie Guillard-Bouhet. Au cours de quatorze séances de quatre heures chacune, les mères, pères, sœurs ou frères apprennent ainsi à mieux connaître la maladie, ses symptômes et sa prise en charge, mais aussi et surtout à appréhender les « techniques de gestion du stress et d’amélioration de la communication ».

« Une relation devenue excellente »

A l’issue de ces quatre mois d’échanges, une deuxième phase d’accompagnement se déroule à trois, six mois, un et deux ans. « Les effets indirects sur le malade sont indéniables », témoigne Nathalie, dont le fils de 25 ans va « mieux », grâce à « une relation devenue excellente ». « Il accepte d’aller voir son psychiatre, de suivre son traitement. Quand il monte dans les tours, il a appris à mettre des choses en place. Pouvoir éviter l’hospitalisation sous contrainte est quelque chose d’énorme. C’est horrible, je ne le souhaite à personne. »

Après avoir suivi Profamille, il y a trois ans, Nathalie a choisi de passer de l’autre côté de la barrière, d’aider les familles confrontées à des souffrances indicibles. « La clé, c’est de mobiliser les émotions de manière positive », abonde Pauline Morillon, infirmière à Créativ. Depuis 2011, une centaine de personnes ont bénéficié du programme dans la Vienne. Certaines témoigneront, jeudi et vendredi, au congrès national du réseau, au cours duquel des professionnels interviendront aussi. Pour que la schizophrénie ne soit plus une maladie honteuse…

(*) Union nationale des familles et amis de personnes malades et ou handicapées psychiques. Contact : Yves Pétard au 07 84 55 92 05 ou à yves.petard@wanadoo.fr

Montage Daniel Proux/mairie de Poitiers 

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