Le mirage des Maisons de santé

Début octobre, le gouvernement a présenté son plan de lutte contre les déserts médicaux. Il souhaite doubler le nombre de Maisons de santé pour améliorer l’accès aux soins dans les zones dépourvues de médecins. Dans la Vienne, cette solution ne convainc pas tous les acteurs.

Florie Doublet

Le7.info

« Commune d’Avanton recherche médecins. » Depuis plusieurs semaines, cette petite annonce est diffusée un peu partout dans la commune du Neuvillois. Des banderoles ont même été installées à chaque entrée de bourg pour attirer l’œil des automobilistes. Rien n’y fait…

Avanton dispose pourtant d’un pôle de santé flambant neuf. Ouvert en avril dernier, l’établissement devait apporter une solution concrète au manque de praticiens dans la commune. Mais les deux cabinets de médecine générale sonnent creux. « Il y a quelques années, deux médecins souhaitaient s’installer, mais il n’existait pas de locaux à leur disposition. Aujourd’hui, nous avons les locaux, mais plus les médecins ! », déplore Eric Bozier, le 1er adjoint.

Pour l’élu, l’explication tient en deux mots : numerus clausus. « On peut construire toutes les Maisons de santé que l’on veut, s’il n’y a pas de médecin en face, cela ne sert à rien. Il faut en former davantage. » Et il n’est pas le seul à s’élever contre cette réglementation jugée « arbitraire ». Une motion adoptée par le Conseil départemental demande tout simplement sa suppression. « Il existe un véritable problème de démographie médicale, plaide Anne Florence Bourat, conseillère départementale chargée des politiques de santé. Aujourd’hui, l’implantation homogène des professionnels sur l’ensemble du territoire reste un véritable enjeu. »

80 000€ de bourse 

Depuis 2009, le Département a mis en place des bourses pour inciter les étudiants à s’installer dans les zones tendues de la Vienne, une fois leur diplôme en poche. Cette année, 80 000€ ont été distribués à quinze boursiers. Cela ne suffit pas toujours. Certaines communes rurales, notamment du Sud-Vienne, restent sans praticien, malgré les efforts des élus locaux. Et la situation pourrait se pérenniser. « Arrê- tons de faire croire aux Français qu’il y aura un médecin dans chaque village, lâche Gérard Herbert, maire de Chauvigny et médecin généraliste. C’est une utopie et, plus grave, de la démagogie car les collectivités territoriales ne sont pas en mesure d’assumer les services du domaine de la santé publique. »
A Avanton, on y croit encore. La municipalité se donne dix_huit mois avant de se tourner vers d’autres professionnels de santé, comme des dentistes. 
 

Une Maison de santé à Bonneuil
On récence dix-sept Maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) dans la Vienne. Inaugurée il y a quelques jours, celle de Bonneuil-Matours répond « aux besoins des habitants », dixit Isabelle Barreau, maire de la commune. Un autre pôle de santé implanté à Vouneuil-sur-Vienne -soit à cinq kilomètres de distance- recevait pourtant déjà les patients de Bonneuil. « Ils devaient attendre plusieurs jours avant d’obtenir un rendez-vous, se défend Isabelle Barreau. Nous avons anticipé un phénomène de saturation. » Aujourd’hui, cette MSP accueille deux médecins généralistes, un psychiatre, une sage-femme, une infirmière et un masseur-kinésithérapeute. « Cela répond totalement à l’attente des jeunes diplômés qui ne veulent plus travailler seuls. » 

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