A l’image des Scop, l’Economie sociale et solidaire (ESS) se porte bien. Mais la fin des contrats aidés inquiète les acteurs du secteur, qui réclameront des réponses au gouvernement lors du Forum national de l’ESS, qui démarre aujourd'hui à Niort.
La dernière transformation d’une entreprise saine en Société coopérative de production en Poitou-Charentes remonte à moins de quinze jours. A l’aube de la retraite, le gérant de Fournié, spécialisée dans les systèmes de traitement de l’eau à Sauzé-Vaussais (Deux-Sèvres), a décidé de transmettre son activité à ses 75 employés. Plus précisément, 38 salariés associés ont choisi de racheter des parts du capital pour prendre leur destin en main. « Cette solution était essentielle pour garantir le maintien de l’emploi local, estime Fernando Almeida, président de l’Union régionale des Scop, qui a accompagné cette transition pendant dix-huit mois. Des groupes nationaux auraient sûrement été intéressés par les marchés détenus par Fournié, mais ils n’auraient pas gardé les équipes techniques sur place. »
Ce genre de « transformations » représente environ 20% des nouvelles Scop en ex-Poitou-Charentes. 50% sont créés en partant de zéro. Les statistiques de l’Union régionale montrent que l’univers des Scop se porte plutôt bien dans nos quatre départements, comme dans le reste de la France d’ailleurs. Cette forme d’entrepreneuriat « participatif » fédère 133 coopératives -en majorité dans les services et le BTP- et 2 415 salariés, soit environ 14% de l’emploi du territoire. En 2016, son chiffre d’affaires s’élevait aux alentours de 180M€.
« Small business act »
« Les coopératives, associations, mutuelles, entreprises sociales et fondations..., bref tous les acteurs de l’économie sociale et solidaire, forment un secteur dynamique qui innove et crée de l’emploi sur le territoire », appuie Arnaud Virrion, premier président de la nouvelle Chambre régionale de l’ESS Nouvelle-Aquitaine. C’est ce message que lui et ses homologues rappelleront lors du quatrième Forum national de l’ESS, aujourd'hui et demain, à Niort. Car la suppression annoncée des contrats aidés, jugés « inefficaces » par la ministre du Travail, en a contrarié plus d’un dans le secteur. « C’est une question de moyens, reprend Arnaud Virrion. Les contrats aidés sont devenus une composante structurelle des budgets de nos adhérents. »
Pourquoi ne pas lancer un crédit d’impôt sur l’innovation sociale, à l’image de celui existant pour la recherche technologique ? Dans un secteur de l’ESS qui pèse 10% du PIB, certains acteurs plaident en ce sens pour limiter l’impact de la fin des contrats aidés. Sortie du giron de Bercy par le gouvernement actuel pour rejoindre celui de Nicolas Hulot, l’ESS dispose désormais d’un haut commissaire aux compé- tences transversales. Christophe Itier interviendra vendredi. C’est peu dire que son discours sera écouté. Il annoncera peut-être ici un ensemble de mesures fiscales et réglementaires déjà évoquées sous le terme de « Small business act ». A suivre.
Crédit photo : Alex Giraud - Cress Nouvelle-Aquitaine