Le verdict de l’acoustique

Lisea va mesurer les nuisances acoustiques occasionnées par la LGV, à deux cent cinquante endroits du tracé au lieu des cent programmés. Le concessionnaire de la ligne annonce par ailleurs une étude sur l’impact des vibrations. Les riverains, eux, maintiennent leur action.

Romain Mudrak

Le7.info

Transparence. C’est le maître-mot de Lisea, qui vient de lancer une série de mesures acoustiques sur le tracé de la nouvelle LGV Tours-Bordeaux. La semaine dernière, le directeur Environnement et Développement durable, Thierry Charlemagne, est venue tout spécialement de Bordeaux pour « expliquer » la démarche à la presse locale et aussi rappeler que « cette campagne de contrôle était prévue dans le contrat dès le départ ». Aucun lien donc -en apparence- avec l’émergence de collectifs hostiles aux nuisances sonores, à Fontaine le Comte, Ligugé, Jaunay-Marigny ou, plus récemment, à Scorbé-Clairvaux.

Ce village sera d’ailleurs le premier de la Vienne à accueillir, mercredi, les experts du Cerema. D’ici avril 2018, l’organisme public indépendant réalisera au total soixante mesures acoustiques dans quinze communes du département (deux cent cinquante entre Tours et Bordeaux). « Nous n’en avions prévu que cent au départ, mais les rencontres avec les élus et les riverains nous ont incités à en commander le double. Les lieux ont été définis avec les représentants locaux », souligne Thierry Charlemagne.

Avant d’ajouter : « Des réunions de restitution seront organisées par secteur. »  A travers cette campagne, Lisea va confronter à la réalité son modèle théorique de nuisances sonores, réalisé avant le début des travaux, prévoyant 50% de fréquences supplémentaires. A chaque lieu, des micros spécifiques seront tendus à deux mètres de haut et autant de la façade la plus exposée pendant vingt-quatre heures.

Faible marge de manoeuvre
Reste un problème de taille, qui ne sera certainement pas réglé par cette opération, aussi bienveillante soit-elle. La loi impose à Lisea de respecter une nuisance sonore moyenne de 60 décibels (dB) sur vingt-quatre heures. Or, chaque passage de train (entre 24 et 75 selon sa localisation sur le tracé) fait monter en flèche le sonomètre, ce qui irrite fortement les propriétaires.

Daniel habite Fontaine le Comte et a mesuré « une pointe à 86dB sur sa terrasse, le 30 juillet entre 17h30 et 19h30 ». Depuis, cela ne s’arrange pas. Sa maison sur sous-sol, comme il en existe beaucoup dans la Vienne, reçoit de plein fouet les ondes malgré le mur anti-bruit. « Maintenant, on voudrait au moins que Lisea remonte un peu cette protection », poursuit l’intéressé. « Nous respecterons le cadre imposé par la loi, c’est une question d’équité sur le territoire », rétorque le chef de service, traduisant le peu de marge de manœuvre dont il dispose. En revanche, c’est une nouveauté, une étude sur l’impact réel des vibrations et la gêne ressentie sera menée d’ici mars. Pas de quoi annuler la première « action de défense des citoyens » organisée le 7 octobre au lieu-dit Cossu, à Fontaine.

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