Coup de rabot sur les loyers

Le plan logement annoncé mercredi par le gouvernement prévoit une baisse de 50 à 60€ des loyers pratiqués par les bailleurs sociaux. Dans la Vienne, cette perspective mettrait en péril leurs capacités d'investissement et de nombreux emplois dans le bâtiment.

Romain Mudrak

Le7.info

Mieux loger en dépensant moins. Construire plus et plus vite. Ce sont les grandes ambitions du plan logement présenté mercredi en conseil des ministres. Mais une autre mesure, moins visible, fait grincer les dents des bailleurs sociaux. Surtout dans les départements ruraux comme la Vienne. Le gouvernement veut imposer une baisse des loyers des logements sociaux de 50 à 60€. Dans le département, où le loyer moyen pratiqué par les offices HLM s'élève à 350€, le manque à gagner en recettes locatives est estimé à 10M€ par an.

« Ce sera une opération blanche pour les locataires car les aides personnalisées au logement (APL) diminueront d'autant. Mais pour nous, cette décision réduira considérablement nos capacités d'investissement dans le logement neuf et dans la réhabilitation de l'existant », estime Stéphanie Bonnet, directrice générale d'Ekidom (11 900 logements).  La conséquence ici serait l’arrêt de la production neuve (80 logements annuels) et le nombre d’appartements réhabilités divisé par deux (600 par an actuellement). Dans une motion « de soutien » adoptée hier en session, le Conseil départemental craint aussi « la persistance de l'habitat indigne ».

600 emplois menacés

Le secteur de la construction, qui se relevait juste de la crise, risque d'être durement frappé. Les premières estimations réalisées par les bailleurs et la Fédération du bâtiment de la Vienne évoquent près de 60M€ de commandes publiques en moins pour les entreprises, chaque année, dès 2018. De quoi menacer environ 600 emplois.

« Les contreparties proposées par le gouvernement ne suffiront pas, selon Pascal Aveline, directeur général d'Habitat de la Vienne (11 200 logements) et président du Groupement des bailleurs sociaux de la Vienne. Augmenter les surloyers ? Nous en avons très peu. Le maintien du taux du livret A, qui participe à notre financement, était déjà pris en compte. Quant à faciliter les ventes de logements neufs, cela représente une quarantaine d'opérations par an. »

A coup sûr, l'ambiance devrait être tendue au congrès des HLM, qui s'ouvre mardi à Strasbourg. D'autant que certains observateurs avertis évoquent carrément la disparition d'une centaine d'offices sur les six cents présents en France, si cette mesure était confirmée.

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