Exit le tirage au sort à l’entrée de la faculté de Sciences du sport. Jugée unanimement injuste, cette pratique pourrait être remplacée, à Poitiers comme ailleurs. Les étudiants devraient alors remplir certains critères.
« On ne tirera plus les gens au sort » pour entrer à l’université. Le président de la République Emmanuel Macron s’y est engagé, la semaine dernière, dans une longue interview accordée au Point. Faute de pouvoir officiellement opérer une réelle sélection, certaines facultés françaises s’étaient résignées à cette solution ces dernières années, pour faire face à l’afflux important d’étudiants. A l’image de l’UFR Sciences du sport de Poitiers, qui recevait 800 candidatures pour 410 places...
Considéré comme injuste par tous les acteurs du dossier, le tirage au sort disparaîtra donc en 2018. Reste à savoir par quoi le remplacer. La première proposition est récemment venue de la Conférence des doyens de Staps (C3D). Et si on imposait des « prérequis » à l’entrée de l’université ? Son président Didier Delignières a développé cette idée sur son blog(*) : « Nous proposons un examen multi- critères des candidatures, au travers de plusieurs domaines de compétences dont le poids relatif reste à déterminer. » Sur le plan strictement scolaire, la série de bac choisie et les notes obtenues dans les matières scientifiques devraient disposer d’une place prépondérante. Tout comme les résultats à l’épreuve de français ou dans les matières économiques et sociales. « Savoir manier la langue reste un prérequis indispensable dans nos formations », poursuit l’intéressé.
Acceptables par les familles
Au-delà, la C3D a ajouté des critères extra-scolaires. Les compétences physiques, évidemment, attestées par « la production de licences sportives, le parcours UNSS, le fait d’avoir intégré des enseignements facultatifs d’EPS au lycée, ou encore le statut de sportif de haut niveau ». Mais aussi « l’investissement associatif et les responsabilités collectives ». En bref, vous êtes titulaire du Bafa ou d’un brevet fédéral, vous entraînez des jeunes dans un club sportif ou vous êtes arbitre officiel ? Vous pourriez être prioritaire. Idem pour les sapeurs-pompiers volontaires.
« A Poitiers, nous nous inscrivons totalement dans cette démarche, assure Aurélien Pichon, directeur de la faculté de Sciences du sport. Les jeunes motivés avec un projet professionnel déjà construit auraient une chance de le mener à bien. Ces critères seraient compréhensibles et acceptables par les familles. » Avant la concertation, qui démarre cette semaine au ministère de l’Enseignement supérieur, les Staps ont le mérite d’avoir posé les bases de la discussion.
(*)http://blog.educpros.fr/didier-delignieres