Depuis la mise sur le marché, en mars, de la nouvelle formule du Levothyrox, de nombreux malades de la thyroïde témoignent d’effets secondaires inhabituels et gênants. Ils dénoncent le manque de précaution de l’Agence de sécurité du médicament.
Plus de 170 000 personnes ont signé la pétition réclamant le retour à l’ancienne formule du Levothyrox... Moins d’un mois après le début de la polémique autour de ce médicament vital pour les malades de la thyroïde, le nombre de patients constatant des effets secondaires inédits (vertiges, maux de tête, crampes, palpita- tions...) ne cesse d’augmenter. Depuis mars, le laboratoire Merck a modifié la composition de ses gélules, à la demande de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). La substance active est restée la même. Seuls des excipients ont été retirés -comme le lactose- et remplacés par le mannitol. Une majorité de patients a bien vécu la transition. Mais progres- sivement, les appels à l’aide se sont multipliés sur les réseaux sociaux et dans les associations d’usagers.
Le 23 août, l’ANSM a mis en service un numéro vert. En deux jours, la plateforme a reçu plus de 70 000 appels ! Sur la page Facebook « Thyroïde info - Hashimoto - Hypothyroïdie », suivie par plus de 10 000 personnes, le sujet est au cœur des discussions. Aide-soignante à Poitiers, Carine a été opérée de la thyroïde en 2012. Il y a un mois et demi, elle s’est vu proposer une nouvelle boîte de Levothyrox. « Le pharmacien m’a dit qu’il s’agissait simplement d’un changement de packaging. » Résultat, cette quadra assure avoir pris « quatre kilos en quinze jours », sans compter les « douleurs articulaires, chutes de cheveux et insomnies ». C’est un article de la presse nationale qui lui a mis la puce à l’oreille. « Mon médecin m’a écoutée, c’était flagrant. » Faute de pouvoir revenir à l’ancienne formule, Carine a opté pour la L-Thyroxine, un médicament plutôt dédié aux enfants, qui pourrait vite se retrouver en rupture de stock, prévient l’ANSM.
Montée de la TSH
Plus inquiétantes encore sont les variations de la TSH. Les malades de la thyroïde la surveillent comme le lait sur le feu. Victime d’un cancer de la thyroïde en 1995, Régine se sentait très bien grâce au Levothyrox. Mais en août, deux mois après avoir changé de cachets, elle a ressenti des nausées le matin. Une prise de sang a également révélé une hausse fulgurante de sa TSH. « Evidemment, je fais le lien. On nous prend pour des cobayes », s’insurge cette infirmière à la retraite. Son médecin tente d’adapter son dosage et lui a prescrit un nouvel examen en octobre. « Je n’hésiterais pas à porter plainte si mon état de santé venait à empirer », assure cette Ligugéenne. Quelles que soient les responsabilités de chacun, cette affaire a déjà révélé un énorme défaut de communication.
L’ANSM admet un « défaut d’information »
Dans Le Monde du 1er septembre, Dominique Martin, le directeur de l’ANSM, concède « un défaut d’information aux patients ». « Nous en sommes conscients et ne nions pas leurs difficultés, mais on ne peut pas dire que nous n’avons rien fait. » Il indique avoir « préparé le changement de formule avec les associations de patients et envoyé 100 000 courriers aux professionnels de santé ». De son côté, l’Association française des malades de la thyroïde a déjà réclamé sa démission.