Céline Paris. 42 ans. Ancienne responsable des ressources humaines chez Lisea. A tout plaqué pour s’engager dans une carrière d’humoriste. S’apprête à donner son premier one-woman-show à Poitiers. Mère de deux enfants. Et « clown dans l’âme ».
« A Pôle Emploi, avec deux gosses à charge et un loyer à payer », beaucoup auraient couru vers le premier fast-food venu, histoire de décrocher un job alimentaire. Elle, non. Jusque-là, Céline Paris -son nom de scène, comme la capitale d’où elle vient- avait une vie à peu près rangée. Un boulot de DRH chez Lisea, un mari, deux enfants. Puis il y eut cette « fin de contrat sur le projet de la LGV ». Et cette envie furieuse, encouragée par son paternel, de « noircir un carnet avec ses c… ». Entre décembre et janvier derniers, elle a gratté l’équivalent d’un spectacle. « J’ai eu des doutes, je me suis remise en question. Mais c’est vraiment ce que j’ai envie de faire », prolonge la quadra.
Avec son débit intense et son physique « BCBG », la maman solo cache bien son jeu. Sur scène, l’auteur d’« Oh my god » balance à livre ouvert. Notamment sur les enfants. « C’est chiant, non ? » Les siens apprécient peu, forcément. « Je m’autorise à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas ! Céline Paris, c’est la nana qui prend de la coke, frappe ses enfants, les met sur Le Bon coin… Je force le trait, histoire de faire rire. » La nouvelle Céline devrait surprendre ses anciens collègues voire les dérouter. Car le contraste semble abyssal entre l’univers feutré des grands groupes et son appétence pour la déconne débridée. Et pourtant, celle qui se rêvait « avocate ou pharmacien » ne souffre d’aucun dédoublement de la personnalité.
Révélée à elle-même
Quinze ans de « RH entre le marteau et l’enclume » auront eu raison de sa patience. La Poitevine d’adoption, épanouie dans « une ville à taille humaine », s’est « révélée à elle-même », comme elle a naguère « poussé les gens à s’accomplir ». Elle compte « démarrer piano dans son coin », en apprenant le métier sur scène. Hormis quelques cours de théâtre en 5e, l’humoriste en herbe n’a jamais foulé les planches. « Depuis quelques mois, j’ai intégré la troupe de Vouneuil sur planches », ajoute-t-elle. Une façon de mieux appréhender la gestuelle, le phrasé, de se familiariser aussi avec la lumière et ce face-à-face si particulier « avec des gens ».
Le 15 septembre, à la Gibauderie, ce sera sa grande première. On met de côté les deux « filages » de juin à Buxerolles et à la M3Q. « Devant une trentaine de personnes, que je connaissais. » Au culot, l’admiratrice de Florence Foresti rêve d’embarquer le public dans son univers de working-girl-en-transition. Son père, passé de la banque à la restauration, et son frère, de l’hôtellerie à la vente de motos, ont joué « les aventuriers » avant elle. « Ils m’ont un peu ouvert les chakras, avec cette espèce de côté anticonformiste. »
« On est plusieurs là-haut ! »
De la coupe aux lèvres, de l’anonymat aux premières lueurs de la célébrité, cette « hypersensible » assumée sait que le chemin sera peut-être long. Ou carrément cahoteux ! Qu’à cela ne tienne, elle tournera une autre page. Ouvrira un restaurant. Avancera en somme. « Les pieds sur terre et la tête dans les nuages », comme elle dit. En attendant, « Paris qui se produit à Poitiers », ça claque comme un bon morceau de… « dub » ou de reggae. Deux genres musicaux dont Céline raffole.
Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences. On peut aimer Elle et Marie-Claire et faire de la boxe, avoir son permis moto et s’adonner au softball. Dégager une forme de raffinement et se transformer en machine à vulgarités. « On est plusieurs là-haut ! », prévient-elle. Ses premiers fans sont prévenus, elle compte « tout déchirer » et, surtout, nous bousculer dans nos certitudes. « A Pôle Emploi, avec deux gosses à charge et un loyer à payer », l’ex-RH se sent « épanouie ». Ça vous étonne?...