Contrats aidés : l’exemple du SPA

Le gel brutal des contrats aidés ne laisse pas d’inquiéter les associations et les structures d’insertion. Au refuge Secours et protection des animaux, huit salariés en Contrat d’accompagnement dans l’emploi sont sur la sellette. Une vraie menace pour la pérennité du SPA.

Arnault Varanne

Le7.info

Le 11 octobre, Jordan Faure achèvera son Contrat d’accompagnement dans l’emploi au SPA, après deux ans de bons et loyaux et services. A quelques semaines de l’échéance, le jeune Poitevin de 24 ans ressent une forme d’appréhension. « Ici, j’ai appris beaucoup de choses. Ces deux ans m’ont mis le pied à l’étrier... » Hélas, son aventure s’arrêtera là. Et il y a de fortes chances qu’il ne sera pas remplacé, gel des contrats aidés oblige. Sept autres salariés se trouvent dans le même cas de figure que Jordan au refuge. De quoi procurer de sérieux maux de tête aux dirigeants de la structure. « Sans l’aide de l’Etat, qui représente de 60 à 80% du salaire, nous n’aurons pas les moyens d’avoir autant de salariés, reconnaît Céline Lebon, responsable chats du SPA. Ce qui signifie qu’on ne pourra plus accueillir autant d’animaux abandonnés ou maltraités et faire de la prévention. »

Ce « gros coup de massue » s’accompagne d’une vraie colère contre les propos de la ministre du Travail. Courant août, Muriel Pénicaud a ainsi estimé que les contrats aidés étaient « coûteux » et « pas efficaces contre le chômage ». « N’empêche, ils permettent à des gens éloignés de l’emploi de  reprendre confiance en eux et d’acquérir de l’expérience », estime Céline Lebon. Jordan, comme ses collègues Solène, Sophie, Nina et Sarah en sont de parfaits exemples. A défaut de s’appuyer sur des CAE, l’association a, un temps, envisagé d’utiliser le dispositif des contrats de génération, mis en place sous le précédent quinquennat. Mais, là encore, le gouvernement a choisi d’y mettre un terme.

« Pas de vision trop dogmatique »

« Compte tenu de nos finances, poursuit la responsable, nous ne pouvons pas envisager de proposer des CDI et des CDD. Sauf à penser que l’Etat baisse les charges patronales et salariales ! » Comme Secours et protection aux animaux, un nombre incalculable d’associations ou de structures d’inser- tion(*) se trouvent aujourd’hui confrontées à une vraie interrogation sur la pérennité de leurs activités. De nombreux élus ont choisi de monter au créneau pour alerter le ministère du Travail. « Attention à ne pas avoir des visions trop dogmatiques influencées par Bercy, prévient Alain Claeys. Et le maire de Poitiers d’inviter les ministres à « faire preuve de discernement ». « Poitiers, Grand Poitiers et le CCAS ont recruté 51 contrats aidés. Sur les 51, 47 ont eu une formation qui a débouché sur un CDI. » Une manière de tordre le cou à l’idée selon laquelle contrats aidés rime avec inefficacité.

 

Des députés sur la ligne gouvernementale
Trois des quatre députés LREM-Modem de la Vienne ont réagi à la polémique qui escorte le sujet des contrats aidés. Ils insistent notamment sur « la grande réforme de la formation professionnelle, conduite au premier semestre 2018, au terme de laquelle près de 15 milliards d’euros seront investis pour la formation de tous et pour l’emploi ». « Cette réforme permettra aux personnes les plus éloignées de l’emploi de retrouver le chemin de la formation et d’améliorer l’employabilité de tous les salariés », concluent Jacques Savatier, Sacha Houlié et Nicolas Turquois. 

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