Dernier volet de notre série sur l’histoire du Futuroscope. Les bougies de son 30e anniversaire à peine soufflées, que le parc embraie sur un nouveau plan d’investissements à cinq ans.
Le fameux bug de l’an 2000 a failli le transformer en musée d’un autre temps. Mais suivant l’adage « Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort », le Futuroscope a retenu les leçons de son histoire tumultueuse. Désormais, les mots « anticipation » et « innovation » figurent très haut dans la hiérarchie des priorités de Dominique Hummel et ses équipes. « Nous sommes à la fois concentrés sur le Jour J, la saison estivale, la préparation du budget 2018 et les investissements à cinq ans. Se projeter à cet ho- rizon est une ultra-nécessité », glisse Rodolphe Bouin (40 ans), directeur des opérations et numéro 2 du parc.
Entre 2017 et 2021, le joyau de la Compagnie des Alpes investira ainsi 60M€, soit 14 de plus que pendant la période précédente. Une enveloppe nécessaire s’il veut « sortir une attraction majeure tous les trois ans ». « On se rend compte que pour atteindre un niveau de satisfaction élevé, il faut plutôt 15M€ que 10. La future grande nouveauté est donc prévue pour fin 2019. » Sans dévoiler de secret d’alcôve, le pavillon de « demain » portera sur le thème de l’espace et permettra à près de 1 000 personnes de vivre toutes les heures une expérience inédite.
« Toucher toutes les générations »
C’est l’autre élément de l’équation que le Futuroscope devra résoudre dans la prochaine décennie : augmenter sa capacité d’accueil. « Les files d’attente sont de moins en moins acceptables et acceptées, relève le numéro 2 du parc. Nous devons donc gagner 15 000 sièges supplémentaires par jour(*). » Cette « extension » du domaine du loisirs passe aussi par un « renforcement de l’offre ». Du spectacle vivant à la magie, des images aux sensations vécues, le Futuroscope veut jouer sur tous les tableaux et « toucher toutes les générations ».
« Découvrir de belles attractions ici, c’est le contrat de base. En revanche, quand on arrivera à faire en sorte qu’une famille s’arrête entre deux pavillons pour se faire arroser par un brumisateur ou interagisse avec un personnage, on franchira encore un cap... » Le pari de l’avenir, c’est aussi celui-là. Petites attentions ou grandes révolutions technologiques, l’heure est aussi à la prise de risques. Ainsi, dès 2018, le Futuroscope va s’essayer à la réalité virtuelle en version industrielle. Entendez par là que cent huit casques seront déployés simultanément. Ce « pari un peu un fou » nécessite des « ajustements » et une « médiation humaine » très poussés. Alea jacta est.
(*) Ce qui correspond presque à la capacité d’accueil de trois Kinémax, qui s’élève à 415 places.
Un Fab Lab en place
Depuis le 1er janvier, le Futuroscope a créé son propre Fab Lab, littéralement un lieu ouvert sur l’extérieur et terrain d’expérimentation. Une idée ramenée d’une tournée en Asie, à laquelle plusieurs membres des équipes « projet » et « création » ont participé. « Dans les faits, une pièce (dans le pavillon Futur l’expo, ndlr) permet de libérer la créativité de nos collaborateurs », abonde Rodolphe Bouin. La deuxième fonction de ce Living Lab consiste à recevoir des entreprises, qui présentent ainsi leurs nouveaux « procédés, technologies ou matériels ». « Cette matière première, si elle est intéressante, sert d’ingrédient à des nouveautés. L’idée, c’est de ne rien louper des dernières technologies qui pourraient nous intéresser. » Pas plus tard que vendredi dernier, la société Other Side a réalisé une démonstration de réalité virtuelle couplée à de la motion captur (capture de mouvements, ndlr). L'idée consiste à s'immerger à plusieurs dans un univers virtuel et à interagir ensemble. Le résultat est saisissant et dépasse la simple "VR". L'expérience sera-t-elle, un jour, intégrée au Futuroscope ? "Pourquoi pas, répond Olivier Héral, directeur de la création du Futuroscope. Mais entre la technologie et la mise en scène, il y a du travail. Le Lab est justement le lieu où on peut échanger, décloisonner. Au-delà, le Lab nous permet de nous rapprocher du SPN et de Cobalt."