Secteur économique de proximité et porteur d’avenir, l’artisanat attire de plus en plus de jeunes diplômés en quête d’une nouvelle activité professionnelle. Selon certaines études, un nouvel artisan sur quatre serait diplômé du supérieur et un sur dix titulaire d’un Bac + 5.
Il a intitulé son ouvrage « La révolte des premiers de la classe » par goût de la provocation. Mais derrière ce titre trash, Jean-Laurent Cassely, journaliste pour la rédaction de Slate, décrypte dans le détail un phénomène en vogue bien que difficile à quantifier : la reconversion des (sur)diplômés de l’enseignement supérieur. « Ils sont de plus en plus nombreux à se lancer, confirme Ghislain Kleiweigt, secrétaire général de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Vienne (CMA86). Il y a quelques années, leur nombre était proche de zéro. Aujourd’hui, certains profils de créateurs ou repreneurs d’entreprises artisanales sont surprenants. »
De la chimie à la pâtisserie, du droit à la verrerie, des arts du spectacle à la tapisserie, de l’informatique à la lutherie, les artisans « made in Poitou » que nous vous proposons de découvrir dans ce numéro sont tous mus par un même désir : assouvir leur passion et exercer un métier manuel porteur de sens. «La féminisation des métiers de bouche est une réalité, ajoute Ghislain Kleiweigt. Etonnamment, de plus en plus de femmes s’orientent aussi vers les métiers d’art, qui n’offrent pourtant pas le plus de débouchés.»
Réforme de la formation professionnelle
Dans les faits, les « artisans surdiplômés » ne suivent pas tout à fait le même cursus que des apprentis en formation initiale. CFA et autres écoles spécialisées adaptent donc leurs contenus pédagogiques aux profils avec, au bout du compte, de vraies réussites. Il faudra de toutes les manières que l’artisanat attire les foules à l’avenir. Car de nombreuses entreprises sont ou seront à reprendre pour préserver savoir-faire… et emplois.
A la fin de l’année dernière, la Vienne comptabilisait 7 449 PME artisanales, employant 11 798 salariés. Entre 2015 et 2016, le nombre d’immatriculations a par ailleurs largement progressé (de 860 à 1 043). Dans ce total, le régime de la micro-entreprise se taille toujours la part du lion (20,2% du total). En autres chantiers, la présidente de la « CMA 86 », Karine Desroses, espère que « la réforme de la formation professionnelle annoncée par le candidat Macron facilitera la reconversion des personnes ». Elle l’a indiqué très clairement lors de l’assemblée générale de la chambre consulaire. Alors, les premiers de la classe, tous artisans demain ?
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