Quand on partait sur les chemins...

Dans le département, plus de mille pèlerins empruntent tous les ans le chemin de Saint- Jacques de Compostelle. A pied ou à vélo, ils partagent la route avec des touristes randonneurs, toujours plus nombreux à s’évader en Vienne.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Des champs à perte de vue. Pour gagner Poitiers et les reliques de Saint-Hilaire, les pèlerins, venus de Tours, devront encore parcourir 22km. Sur le GR655 qui le mène de Châtellerault au chef-lieu de la Vienne, le groupe marche dans les pas des Romains et de Charles Martel. Ce week-end de mai, ils sont une quinzaine à faire route vers le Sud. Jeunes et moins jeunes. Espagnols, Brésiliens, Australiens, Canadiens, Coréens, Français... Chaque année, comme eux, plus de mille pèlerins traversent le département pour rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle. « Ce nombre ne cesse de croître au fil des ans, note Dominique Furphy, présidente des Amis des chemins de Compostelle en Vienne. Les gens viennent du monde entier pour faire leur pèlerinage. Tous ne sont pas croyants, la quête est plus spirituelle que religieuse. »

Munis d’un simple sac à dos, ils parcourent quelques dizaines de kilomètres par jour, à pied ou à vélo. Pour rejoindre la côte ouest de l’Espagne depuis Poitiers, il faut compter... 1 500 km ! « Cela prend environ deux mois, sourit Jean-François Boutineau, un retraité poitevin, pèlerin régulier. Chacun va à son rythme et en fonction de ses disponibilités. Pour ma part, je pars régulièrement pendant deux semaines. Marcher me permet de me vider l’esprit, de prendre le temps de réfléchir à ma vie et de me remettre en question. » Le soir venu, les pèlerins de la Vienne font halte dans l’un des dix gîtes du département ou chez l’habitant. « Nous faisons le lien entre eux et la cinquantaine d’accueillants du département, reprend Dominique Furphy. Sur Poitiers et son agglomération, une vingtaine de Poitevins hébergent des pèlerins régulièrement. » La nuitée coûte en moyenne 8€. La convivialité prime sur la rente financière. Sur ce point, les retombées économiques sont faibles. « Le pèlerin n’est pas un touriste qui consomme. »

Un véritable engouement pour la marche

En France, l’an passé, plus de 260 000 personnes ont emprunté le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, contre seulement 500 au début des années 70. L’engouement pour la marche à pied est confirmé par l’Agence Touristique de la Vienne, qui note une « augmentation considérable » du nombre de randonneurs dans le département. Il faut dire que le Pays du Futuroscope regorge de circuits courts. Rien que sur le site Randonnees-Vienne.com, on recense plus de cent randonnées pédestres. Le « client » type est généralement étranger, en couple, sportif et... dépensier ! « Les retombées sont réelles. Les randonneurs arrivent en train ou en voiture et logent dans les hôtels ou les gîtes du 86, argue l’ATV. S’ils pique-niquent le midi, ils dînent généralement au restaurant le soir. » Un mode de vie à l’opposé de celui des pèlerins, avec lesquels ils partagent toutefois la route. Et des bons moments.

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