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Générosité
L'édito de la semaine est signé Arnault Varanne, rédacteur en chef du 7.
Le 1er janvier 2002, l’euro devenait la monnaie unique de la majeure partie des pays de l’Union européenne. Depuis, les Français estiment que les prix à la consommation ont flambé. Une impression trompeuse. En réalité, l’inflation est restée limitée, de l’ordre d’1,4% par an (lire encadré). C’est ce que révèle une étude de l’Insee, publiée fin mai, et qui insiste sur le décalage entre la perception des ménages et la réalité statistique.
L’institut avance plusieurs raisons. L’une d’entre elles est très simple. « Le consommateur observe d’autant mieux les variations de prix que les produits sont achetés fréquemment. » « En clair, nous sommes attentifs à la hausse du prix de la baguette, alors que nous ne constatons pas la baisse des tarifs d’une plaque de cuisson, que nous changeons tous les cinq ou dix ans », détaille l’économiste poitevin Pascal Chauchefoin. En résumé, si certains postes de dépenses augmentent, d’autres diminuent sans que nous nous en apercevions. « Bien sûr, les produits de vie courante constituent une part importante du budget des ménages, mais il faut avoir une vue d’ensemble », insiste le maître de conférences en Sciences économiques de l’université de Poitiers.
Des réalités en "trompe-l'oeil"
L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a, elle, comparé les prix de l’alimentation, de l’habillement, du logement, de l’électroménager, des loisirs... sur une période de trente ans (1985-2015). Elle les a ensuite traduits en temps de travail nécessaire pour s’offrir un bien ou service donné. Ses conclusions convergent avec celles de l’Insee. En moyenne, il faut toujours trois minutes de travail pour acheter une baguette tous les jours, tandis que le poulet du dimanche nécessite trente minutes de labeur, contre vingt-sept en 1984. A l’inverse, il suffit aujourd’hui d’une petite semaine de boulot pour remplacer son réfrigérateur (deux en 1984).
Administrateur et ancien président de l’UFC Que Choisir Vienne, Frédéric Siuda partage l’avis de Pascal Chauchefoin. « Nous voyons bien qu’il s’agit surtout d’un problème de perception. En météo, il y a toujours un écart entre la température réelle et celle ressentie. Là, c’est pareil. » A cela, s’ajoutent des réalités en trompe-l’oeil. Le prix du paquet de pâtes a bien augmenté (0,73€ les 500g en 2001, 0,79€ en 2016), tout comme le litre de gazol (0,8€ en 2001 à 1,11€ en 2016), mais ces variations ne sont pas directement imputables à l’euro. « Il faut tenir compte d’autres facteurs, comme le cours du blé ou les pressions géopolitiques. On parle d’inflation sous-jacente », précise Pascal Chauchefoin, estimant qu’un « travail de pédagogie sur le sujet s’avère indispensable ». Reste que les nouvelles générations n’auront plus, elles, le réflexe de comparer l’euro au franc.
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