Le boom des tiers-lieux

Après les Usines Nouvelles, Cobalt et Le Plan Bis, un nouveau tiers-lieu poitevin s’apprête à ouvrir ses portes au public. Implantée à Biard, la K7 abritera différents espaces dédiés à l’échange, à la culture et au développement durable. Mais au fait, c’est quoi un tiers-lieu ?

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Lorsqu’elle a racheté, en avril 2016, le site de l’ancienne boîte de nuit du 45, rue de la Cassette, à Biard, Aurélia Roccia envisageait de « retaper les installations pour en faire une salle de danse ». Depuis, le projet a évolué et « la K7 » ouvrira bientôt ses portes en tant que tiers-lieu. « Ce sera un espace entre la maison et le travail, où l’on sortira de son train-train quotidien », explique la Poitevine. Co-working, accueil d’associations, salle de spectacle, jardins partagés en permaculture... « Le site sera ouvert à tous et proposera des activités très diverses. Nous voulons susciter la curiosité. La K7 ne sera pas un lieu de consommation, mais plutôt de création. » Pour boucler le budget et permettre l’aboutissement du projet, Aurélia Roccia et les bénévoles de son association ont lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Jadopteunprojet.com.

Comme elle, d’autres ont déjà franchi le pas de la création de tiers-lieux par le passé. Implantées dans l’ancienne filature de Ligugé depuis 2011, les Usines Nouvelles font figure de pionnières dans la Vienne. 1 800m2 d’espaces de travail, 3 000m2 supplémentaires d’ici 2018, 400m2 de Fablab, quatre mille visiteurs par an... « Ici, on croise des entrepreneurs, des gens de la société civile, des touristes, des personnes sans emploi, etc. Le tiers-lieu permet de créer de l’émulation et des rencontres, argue Cyril Chessé, membre fondateur des Usines Nouvelles. L’intérêt général prime sur le reste. Le boom s’explique par la modification des comportements et des mentalités. Les tiers-lieux sont en quelque sorte les nouvelles MJC(*), avec plus de services. » Les Usines Nouvelles regroupent aujourd’hui vingt sociétés (artisans d’art, makers, brasseurs de bières, artistes...), soit quarante-huit emplois, ainsi qu’une coopérative d’activité et d’emploi culture qui compte elle-même cinquante-cinq entrepreneurs.

« Des liens se créent »

Au delà de l’« effet de mode », les tiers-lieux suscitent l’intérêt des collectivités, qui n’hésitent plus à mettre la main à la poche pour faciliter leur implantation. La Région Nouvelle-Aquitaine prévoit ainsi un réseau d’environ trois cents sites à l’horizon 2020, contre 180 aujourd’hui. « Près de la moitié des 120 nouveaux espaces devraient pouvoir être soutenus par la Région, indique la collectivité. Nous entendons en outre développer l’interopérabilité en créant un service mutualisé de réservation et de paiement en ligne des espaces de co-working. » Pour Siegfried Burgeot, « les tiers-lieux répondent aux besoins croissants des travailleurs nomades ». « Le télétravail est en pleine expansion, reprend le coordinateur de Cobalt et salarié du Crij Poitou-Charentes. Grâce aux outils numériques, on peut désormais bosser depuis un tiers-lieu, tout en s’intégrant à une communauté d’actifs. »

Reste à savoir comment les structures cohabiteront dans les années à venir. « Je ne crois pas qu’une concurrence se créera, tranche Marion Hamelin, coordinatrice du Plan Bis. Aucun tiers-lieu ne se ressemble. Des liens se créent. Nous sommes notamment en train de réfléchir à des événements communs avec Cobalt et la K7. » À ce propos, la K7 organisera une journée de soutien, « en mode guinguette », le 18 juin prochain. À bon entendeur !

(*) Maison des jeunes et de la culture.

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