Jean-Pierre Souchaud. 75 ans. Expert en voitures anciennes et de collection. Après avoir travaillé pendant trente-cinq ans chez EDF, ce passionné de belles mécaniques a fait de l’automobile sa fontaine de jouvence.
Assis derrière son bureau, Jean-Pierre Soucheau examine la fiche Wikipédia de la Jaguar XK. « Je dois rendre mon estimation dans les prochains jours, explique-t-il en griffonnant quelques notes sur un papier. Un particulier a sorti cette merveille de sa grange et souhaite la vendre aux enchères. Le commissaire-priseur attend que je lui communique un prix. » En matière d’expertise de voitures anciennes, Jean-Pierre Soucheau est une référence dans la région. Depuis deux décennies, le Montamiséen apporte une aide précieuse aux propriétaires et adjudicateurs poitevins. Sur sa table, les dossiers s’empilent. Les murs du vaste bureau de sa maison de campagne sont ornés de photographies d’époque. Et la bibliothèque remplie de livres et brochures sur l’automobile d’hier.
Né à Poitiers, au printemps 1942, Jean-Pierre Soucheau a connu « une enfance classique ». Fils unique d’un père banquier et d’une mère vendeuse en parfumerie, il suit des études techniques avant de passer le concours des écoles EDF. « À l’époque, les parents avaient bien plus d’emprise sur les choix d’orientation de leurs enfants, sourit le septuagénaire. Moi, je rêvais de devenir mécano, d’avoir un garage et de vendre des voitures de sport. Mon père, lui, voulait absolument que je rentre dans un service public. Je suis donc rentré chez EDF et j’y ai fait toute ma carrière. » Avec le recul, Jean-Pierre Soucheau « comprend » le choix de ses parents.
Une deuxième vie
Entre deux séquences autobiographiques, l’expert en voitures de collection lâche quelques anecdotes. Il explique ainsi avoir attrapé le virus « auto » dès son plus jeune âge. « J’vais te chercher un truc, tu vas voir, ça va te causer », lance-t-il avant de revenir quelques instants plus tard avec une photographie de ses parents et lui, posant à côté d’une Peugeot 201 de 1937. « Quand je suis né, mon père avait une Rosengart, c’était un vrai passionné. Je l’accompagnais souvent bricoler sa voiture au garage de la rue Renaudot. » Le temps ne semble avoir aucune prise sur ses souvenirs. Jean-Pierre Souchaud se rappelle de chaque modèle, de chaque rue, de chaque personne. Et notamment de Robert Buchet, ancien pilote et propriétaire de la concession Porsche de Poitiers dans les années 60 et 70. « Avec les copains, on allait voir les bagnoles garées devant chez lui. Après sa mort, la concession a été détruite. Je passais par hasard devant le bâtiment et j’ai récupéré une plaque émaillée Shell. Regarde, elle est dans le garage ! »
Jusqu’à ses 55 ans, Jean-Pierre Souchaud a gravi les échelons chez EDF, où il a fini responsable des relations commerciales. Le départ en retraite n’a pas été douloureux. « Je savais déjà ce que je voulais faire de ma peau après. J’avais passé quelques années plus tôt un examen pour devenir commissaire technique sur les courses. Et pendant le service militaire, j’avais été formé à la mécanique et au dépannage. Tout cela m’a servi de base pour la suite. » Au fil de ses rencontres avec d’autres passionnés poitevins, l’ex-agent EDF croise la route de M Plassart, alors commissaire-priseur, qui lui met le pied à l’étrier. « Je m’occupais et m’occupe toujours d’expertiser les voitures mises en vente aux enchères. » Avec Jean-Pierre Doury, il contribue également à la création de l’association Sport et Collection, dont il est aujourd’hui l’un des principaux ambassadeurs. Pied au plancher, Jean-Pierre Souchaud trace sa route et n’entend pas ralentir la cadence.
En fin connaisseur
Sourire aux lèvres, le natif de Poitiers ouvre une parenthèse plus personnelle. « Je vais te parler un peu de ma vie privée quand même. J’ai un fils de 47 ans, devenu banquier, et une petite-fille de 17 ans, qui passera bientôt son permis de conduire. On verra si je lui transmets le virus ou pas ! » Divorcé, Jean-Pierre Souchaud partage aujourd’hui son quotidien avec sa deuxième épouse, à Montamisé. « Tiens, à ce propos, quand on a vendu notre ancienne maison, à Saint-Eloi, j’ai dépensé la moitié du prix de vente pour m’acheter une Ferrari 308 GT4 ! On a dû faire un emprunt pour construire ici. » Aujourd’hui, le féru de Porsche compte quelques belles mécaniques dans son garage, acquises grâce à la vente d’anciens modèles. « En vingt ans, j’ai dû avoir une cinquantaine de voitures, revendues toujours plus chères », se félicite-t-il. Jean-Pierre Souchaud, qui collectionne aussi les autos à pédales, les miniatures et les plaques émaillées, rêve de s’offrir un jour une Porsche 904 de 1966. « A 1,4M€ la bagnole, ce ne sera pas pour demain ! »