La hache de guerre entre anti et pro-éoliens n’est pas encore enterrée… Pour les opposants, l’annulation du Schéma régional éolien de l’ex-Poitou-Charentes est un succès. Mais les défenseurs de cette énergie renouvelable assurent que cette abrogation n’a aucune conséquence…
Début avril, la Cour administrative d’appel de Bordeaux a annulé le Schéma région éolien (SRE) de l’ex-Poitou-Charentes, établi en 2012 par l’ancienne présidente Ségolène Royal(*). Une décision motivée par « l’absence d’une évaluation environnementale préalable ».
Une victoire « symbolique » pour les associations anti-éolien requérantes, puisque cet arrêt ne remet en cause ni les projets déjà sur les rails, « ni ceux à venir », assure Françoise Coutant. « Le SRE d’ex-Limousin a été ajourné en décembre 2015 et cela n’empêche pas les parcs de sortir de terre », illustre la vice-présidente de Nouvelle-Aquitaine en charge de la Transition énergétique et du climat.
« Pas d'impact »
L’élue charentaise n’est pas la seule à minimiser les conséquences de ce jugement. Emmanuel Julien, président du directoire de Sergies, ne montre aucun signe d’inquiétude. « Les opposants peuvent se réjouir autant qu’ils le veulent, cette annulation n’aura pas d’impact, affirme-t-il. Dans la Vienne, les éoliennes de La Chapelle-Montreuil vont donner leurs premiers tours de pales sous peu. Celles du Rochereau 2 également. Trois autres projets sont en cours d’instruction. »
Concrètement, ce document recensait les zones favorables à l’implantation de parcs éoliens. Dans la Vienne, 70% du territoire était éligible. « En réalité, moins de 1% de ces zones est réellement propice à l’accueil d’un parc, détaille Emmanuel Julien. Les critères sont très nombreux. Par exemple, les mâts doivent être à plus de 500m d’une habitation, cela nécessite donc plusieurs hectares de terrain. »
Des recours systématiques
Moins de 1% du territoire, c’est déjà trop pour Jean-Louis Butré, président de la Fédération environnement durable, qui s’oppose fermement à l’éolien. « Si rien n’est fait, le Poitou sera bientôt envahi par des forêts entières d’éoliennes, lâche-t-il. Nous nous battons pied à pied et déposerons encore des recours. Lors des procès, nous montrerons que ces Schémas n’avaient aucune légitimité. »
Sébastien Trouvé ne le sait que trop bien. Le délégué régional Sud-Ouest de France énergie éolienne souligne qu’« en ex- Poitou-Charentes, les projets sont quasi systématiquement freinés par des recours ». « Il faut compter dix ans pour qu’ils aboutissent, alors que dans d’autres régions, il suffit de quatre ou cinq ans. » Avec 140 mégawatts raccordés en 2016, la Nouvelle-Aquitaine reste cependant dans « une bonne dynamique ». La puissance installée (700MW au total) devrait, en 2020, atteindre 3 000MW.
(*) Il s’agit du 12e SRE annulé par la justice après l’Aquitaine, l’Île de France, la Basse-Normandie, Rhône-Alpes, la Bretagne, le Limousin, Paca, les Pays de Loire, l’Auvergne, Midi-Pyrénées (partiellement) et le Nord-Pas-de-Calais.