En 2007, l’équipe d’Afsaneh Gaillard a prouvé qu’il était possible de réparer le cerveau à la suite d’une lésion. Les derniers travaux de l’enseignante-chercheuse poitevine, publiés en février dernier, s’intéressent au délai de transplantation neuronale. Et marquent une nouvelle avancée majeure.
Depuis février, les journalistes défilent dans les couloirs du bâtiment B36 de l’université de Poitiers. Français ou étrangers, tous s’intéressent de près aux travaux de recherche d’Afsaneh Gaillard, enseignante-chercheuse spécialiste des neurosciences. En 2007, elle et son équipe du laboratoire Inserm 1084 ont démontré qu’il était possible de réparer le cerveau à la suite d’une lésion, en ayant recours à la transplantation neuronale. Un an plus tard, ils sont parvenus à obtenir des neurones à partir de cellules souches. « Ces travaux nous ont permis de publier un article dans la prestigieuse revue Nature et de décrocher par la suite des financements pour poursuivre nos recherches », explique Afsaneh Gaillard.
En 2013, la vingtaine de chercheurs de l’unité « Thérapies cellulaires dans les pathologies cérébrales » a récidivé, en montrant que les neurones obtenus à partir de cellules souches étaient utilisables pour réparer le cerveau chez la souris. Depuis, les résultats ont été concluants et laissent entrevoir la possibilité de réparer le cerveau... humain ! « Nous avons trouvé un moyen de réparer les parties lésées du cortex en remplaçant les neurones morts par des nouveaux, explique l’enseignante-chercheuse. Entre-temps, d’autres avancées majeures, comme la reprogrammation, ont révolutionné la thérapie cellulaire. Tout cela nous donne bon espoir de pouvoir un jour soigner des patients humains atteints de la maladie de Parkinson ou victimes d’accidents de la route. »
« Lentement, mais sûrement »
En février dernier, Afsaneh Gaillard et son équipe ont publié de nouveaux travaux sur le délai de transplantation. « Nous avons voulu savoir quelle était la meilleure « fenêtre » pour transplanter les nouvelles cellules. Chez la souris, il apparaît que la réparation est meilleure si l’on attend une semaine après l’apparition de la lésion. » Pour la chercheuse poitevine, l’objectif est de mener ses prochaines expérimentations sur « des modèles plus proches de l’homme ». Reste que les financements manquent cruellement dans la recherche. « Nous avançons lentement, mais sûrement. Sans moyens supplémentaires, nous ne pouvons pas recruter de nouveaux chercheurs. » On le sait, la réparation du cerveau est possible. Attendons maintenant qu’elle devienne réalisable.